Les fondements philosophiques de l'écologie humaine


Jean-Hugues Barthélémy, Manifeste pour l'écologie humaine, Actes Sud, 2022, 139 p. 

La catastrophe écologique contemporaine découle d'une dissociation entre les besoins humains fondamentaux et les désirs. C'est en effet dans cet écart accru par le capitalisme consumériste que se multiplie la production (et donc la consommation) d'objets ou plus largement d'actions censés accroître le bonheur. Car si le besoin est lié à la souffrance (la satisfaction d'un manque) et renvoie donc plus largement à la sphère de la santé, la satisfaction du désir quant à elle produit quelque chose d'autre. Ce quelque chose est l'inverse de l'utopie telle qu'on pouvait la penser traditionnellement puisque c'est le monde lui-même qui est menacé. Ce processus de destruction tous azimuts touche aussi la pensée humaine soumise à ce processus d'accélération qui attaque ses facultés de réflexivité. Le faire-sens qui est le propre de l'humain est donc en crise dans ces différentes dimensions : la perception et l'élaboration de connaissances (le domaine de l'information) ; l'action à travers la satisfaction des besoins (la sphère de la production) ; les émotions avec la transmission de valeurs (la crise de l'école). Il faut envisager une révolution qui permette de reprendre le contrôle sur les vies humaines, révolution en premier lieu dans le droit, « le droit et la culture cesseraient de se penser en rupture avec la nature. » (73) Un autre aspect de cette révolution et d'amener à dominer les désirs en les confrontant avec leurs effets sur la santé et donc à réfléchir (et agir) sur les dettes provoquées sur nous-mêmes et notre environnement. Ces crises, et en particulier la crise de la réflexivité, nécessitent un décentrement sur le mode du décentrement scientifique, mais pour aller ici vers une écologie humaine authentique prenant en compte par le droit un « système de la plus grande compatibilité possible des besoins en souffrance de tous les êtres capables d'en avoir. » (114)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Bernhard Schlink : La petite-fille

Un groupe majeur de la musique progressive

Lydie Salvayre : La Médaille