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Affichage des articles du mars, 2024

Le fonctionnement du capitalisme (1)

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  Karl Marx, Le capital, Paris : Éd. Sociales, 1975, Livre I, tome 1, 317 p. Avertissement aux lecteurs du Livre I du Capital  par L. Althusser Préface de la première édition « Ma méthode dialectique, non seulement diffère par la base de la méthode hégélienne, mais elle en est même l'exact opposé. Pour Hegel, le mouvement de la pensée qu'il personnifie sous le nom de l'idée, est le démiurge de la réalité, laquelle n'est que la forme phénoménale de l'idée. Pour moi, au contraire, le mouvement de la pensée n'est que la réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l'homme. (…) Chez lui, elle marche sur la tête ; il suffit de la remettre sur les pieds pour lui trouver la physionomie tout à fait raisonnable. » (29) « Sous son aspect mystique, la dialectique semble glorifier les choses existantes ». Sous son aspect « rationnel », elle « inclut l'intelligence de leur négation fatale, de leur destruction nécessaire ». Elle est « essent

La philosophie au service des dominants

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  Paul Nizan, Les chiens de garde, Rieder, 1932, 139 p.  La philosophie « est bonne à tout, elle est docile à tout ; cette passive femelle, s’accouple avec n'importe qui. Intelligence utile au vrai, au faux, à la paix, à la guerre, à la haine, à l'amour. » (11) À quoi sert la philosophie ? « Est-elle dirigée réellement et non plus en discours et croyances en faveur des hommes concrets ? Que fait-elle pour les hommes ? Que fait-elle contre eux ? » (14) Tout se passe, comme si les philosophes étaient « des êtres qui n'ont ni lieu ni temps, et qui ne sont pas unis à un corps, par des êtres qui n'ont point de coordonnées. » (15) Alors que chez les Grecs, la philosophie était engagée dans la matière humaine. « Leur sagesse vise à des solutions immédiatement applicables. Il y a un commerce perpétuel entre le philosophe et le passant : la philosophie d’Épicure garde un ton quotidien dont nous avons perdu le secret ; le platonisme même malgré ses appels célestes est encore lié

Paul Nizan : Antoine Bloyé

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  Paul Nizan, Antoine Bloyé, Grasset, 1933, 240 p. (epub)    Sous une forme romancée, l'auteur évoque la vie de son père de sa naissance à sa mort. Un récit en forme d’hommage pour cet homme ayant gravi marche après marche l'échelle sociale, et plus largement pour la condition ouvrière. Le récit commence par la veillée funèbre et s'attarde sur les objets, notamment la montre d'Antoine, puisque « les possessions des hommes, d'une manière plus dure que leurs possesseurs, poursuivent longtemps après eux leur destin ; leurs meubles leur survivent; leurs vêtements, leurs édifices, leurs pensées ne les accompagnent pas. » (19) C'est donc à partir de ce constat de la fragilité de la vie humaine, que le récit trouve sa légitimité : donner une éternité à cette vie ordinaire. Son père Jean-Pierre est employé du chemin de fer où il est facteur à la gare d'Orléans : un homme pauvre, attaché à une certaine place dans le monde. « une place décrétée pour la vie entière, un