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Affichage des articles du juillet, 2022

Réflexions sur l'enseignement de l'histoire en France

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  René Girault, L'histoire et la géographie en question. Rapport au ministre de l’ Éducation Nationale, CNDP, 1983. « L'histoire et la géographie peuvent contribuer fondamentalement à la formation d'une conscience individuelle et collective. Toute la tradition républicaine française inspire cette démarche. » (12) Enquête : 2617 élèves de sixième et de seconde Popularité de l'histoire à travers la télévision et la radio : cela montre - cette vulgarisation - et répond « à l'attente d'un peuple chargé d'histoire et conscient du poids du passé sur son destin. » (20) = « la place de l'histoire donne une dimension politique au débat. » Dans les années 1975 : apparitions des pédagogies des activités d'éveil (20 à 23 % des maîtres déclarent ne plus faire ou presque d'histoire en 1975, n = 778) Ces pédagogies mettent en situation les enfants, sur le terrain = on se tourne vers le passé proche et on insiste sur la métho

Mythes et mythologies politiques

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  Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques , Paris : Le Seuil (Points), 1986. Définitions (12-18) Système de croyances cohérent et complet : ensembles structuraux de réelles homogénéités et de constantes spécificités. Elles s'expriment par le récit qui se réfère au passé « mais qui conservent dans le présent une valeur éminemment explicative. » Le mythe c'est la mystification, le fantasme, l'illusion, le camouflage. Il contredit les règles du raisonnement logique. C'est « un écran entre la vérité des faits et les exigences de la connaissance. » Enfin pour Sorel le mythe est un ensemble lié d'images motrices, un stimulateur d'énergie. Analyse  : Analogie avec le rêve : comme lui c'est une dynamique d'images par association visuelle ; on ne peut lui appliquer l'analyse cartésienne. Le mythe est polymorphe : on retrouve les mêmes images dans différents mythes ; un mythe peut avoir différent

Truman Capote : De sang-froid,

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  Truman Capote, De sang-froid , Gallimard, 1972 (1965 éd américaine), 505 p.  P aradoxalement ce qui finit par faire la force de ce récit est aussi ce qui de prime abord irrite surtout quand on vient de lire Ellory. En effet l’histoire dont il s’agit ne se dévoile que peu à peu. Mais c’est avec cette lenteur propre à l’entomologiste qu’elle prend toute sa saveur. En effet l’auteur rend compte sur le mode de l’enquête journalistique du meurtre d’une famille de paysans par deux hommes ordinaires. On observe une progressivité du récit depuis la période d’avant le drame jusqu’à l’exécution des assassins racontée ou entremêlée d’incises « feedback ». Le tout est très détaillé, sur les circonstances du crime, sur la famille assassinée, sur les enquêteurs et l’enquête, sur pratiquement tous les personnages du livre et en particulier les auteurs du crime. C’est par la fréquentation réelle des lieux et des individus, des rapports de police, des accusés visités en prison, que T.

Andrea Camilleri : Chien de faïence

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  Andrea Camilleri, Chien de faïence , Fleuve Noir, 1999 (1996 éd. Italienne), 350 p. Petit polar sympathique se passant sur les terres siciliennes dont on ressent la présence en particulier au moyen de la bouffe et bien sûr de la mafia. Mais celle-ci n’est que le cadre lointain de l’investigation policière; le cœur est une histoire d’amour ressurgissant au hasard de l’enquête et remuant le passé et sa mémoire. La tout est vivant grâce au style de l’auteur, plutôt inventif dans la syntaxe (beaucoup d’inversions qui permettent le trait d’humour) ou la réécriture des mots, fournissant ainsi au commissaire une assise stylistique à sa propre dérision. Mais l’histoire a du mal à se dégager et se perd un peu sur les chemins de traverse.

James Lee Burke : Pluie de néon

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  James Lee Burke, Pluie de néon , Rivages 1996 (éd. Américaine 1987), 394 p. L'histoire n'est finalement qu'un prétexte à une immersion dans le bayou et à son atmosphère poisseuse. Comme les autres déjà lus, l'auteur sait mettre en scène ses personnages et principalement son policier Dave Robicheaux reflet des grandeurs et petitesses humaines. Il sait le faire car il possède un style qui fait mouche avec métaphores, images, etc, originales et toujours bien trouvées. De la littérature américaine dans toute sa splendeur.

James Lee Burke : Sunset limited

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  James Lee Burke, Sunset limited, Rivages, 2005, 430 p. Polar exigeant par la complexité de l’intrigue, par le montage narratif, par le nombre de personnages. On en perd le fil si on n’est pas suffisamment concentré (prendre des notes…). Mais c’est remarquable par le style qui rapproche des grands auteurs américains (Steinbeck, Faulkner…) : restitution de l’oralité notamment populaire, usage de nombreuses métaphores qui font mouche (comme chez Lehane), et enfin par la capacité à restituer l’opacité de l’âme humaine.

James Lee Burke : Black cherry blues

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  James Lee Burke, Black cherry blues , Rivages 1991 (éd. américaine 1989), 410 p. On est plus dans le roman noir américain que dans le polar. Les qualités d’écriture sont évidentes pour restituer l’atmosphère lourde, humide et on pourrait dire collante de la Louisiane. Ce qui est remarquable aussi c’est la description consistante des personnages qui ne tombe pas dans le manichéisme mais bien au contraire révèle leur épaisseur tourmentée et contradictoire : les bons ne sont jamais totalement bons (ils sont par exemple violents), et les mauvais font montre de faiblesses plus rares à ce niveau…

Enquête sur l'exploitation capitaliste

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  Gisèle Ginsberg, Je hais les patrons , Paris : Seuil, 2003, 226 p. L’attaque du livre est percutante avec le témoignage de Catherine, secrétaire, expliquant qu’en arrivant sur les lieux de son travail elle a des nausées, lesquelles viennent de ce que son patron lui « gueule dessus », à longueur de temps, et non pas de la cantine comme l’interprète le médecin du travail. Dans ces lignes beaucoup de choses sont dites, du mépris des dirigeants pour les subalternes (« je suis transparente, je fais partie des meubles ») et de leurs alliés objectifs ne considérant les individus que comme forces de travail, avec des problématiques mécanistes d’un corps souffrant que sous des causes externes (et donc réparable sans doute par la médicamentation). Des salariés demandeurs de respect et de considération (« on a beau être de vieux chevaux sur le retour, une petite caresse sur l’encolure ça fait du bien »), et non pas d’appellation édulcorantes (opérateurs, assistante, collaborateu

La lecture althussérienne de la psychanalyse

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  Pascale Gillot, Althusser et la psychanalyse , Puf, 2009, 155 p. Althusser (comme Lacan) remet en cause la prétention théorique d’une conception humaniste d’expliquer la société et l’histoire, en partant de l’essence humaine, du sujet humain libre, sujet des besoins, du travail, du désir, sujet de l’action morale et politique. La découverte de Freud lui apparaît comme en opposition radicale aux postulats de la psychologie. (34) La théorie de l’idéologie emprunte à la théorie de l’inconscient, au sens où pour lui elle n’a pas d’histoire, elle est immuable et omni-historique, parce qu’elle est une dimension nécessaire et irréductible de toute formation sociale. Chez Freud il y a un travail de l’inconscient qui est à l’œuvre et rendu visible notamment dans les rêves, un travail de condensation, de déplacement, puis de figurabilité, qui rend manifeste son contenu. Le déplacement permet d’échapper à la censure psychique. Liant les représentations par compression, les asso

La question de la solidarité sociale pendant la Révolution française

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  Bernard Gibaud, Révolution et droit d’association. Au conflit de deux libertés, Ed. Mutualistes, 1989, 165 p. La liberté d'association sera la dernière des libertés républicaines à entrer dans le droit : hantise des corps, de la rue sur de la nation… les camps pour et contre Le Chapelier s'appuyaient tous les deux sur la déclaration des droits de l'homme dont on mesure donc l'ambiguïté. Mais ce débat montre la présence souvent négligée des salariés. Trace historique : l'entraide est ancienne. La trace la plus ancienne remonte à l’Égypte (- 1400). La motivation première des groupements à caractère mutualiste est autant la protection de la vie que la préparation d'une bonne mort. (15) À chaque époque ces groupements peuvent se transformer en instrument de résistance contre la richesse et l'autorité. Autre fonction : misère (maladie, accident)… La notion de prévoyance apparaît vers 1764. À la fin du 18e siècle les ouvriers so

Les mémoires plurielles de la Révolution française

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  Alice Gérard, La Révolution française, mythes et interprétations, 1789-1970 , Paris : Flammarion, 1970. Rabeau Saint-Étienne : « une opinion… se fortifie par la contradiction et se propage par les passions. » (11) L'auteur nous montre l'histoire des débats et conflits autour de l'histoire de la révolution française, car celle-ci est un enjeu politique. Ainsi très tôt est apparu le conflit autour des révolutions, 1789 et 1793 qui accompagne l'historiographie du 19e siècle. Cette dernière s'appuie en partie sur la tradition orale (Michelet, Lamartine). À partir de 1880 « c'est l'école primaire qui devient obligatoirement, le lieu par excellence de transmission du souvenir révolutionnaire. » (66) Voir aussi avec Jaurès commence ou plutôt continue une tradition de pédagogie révolutionnaire ; influence chez les intellectuels comme pour Romain Roland qui voulait dans son théâtre de la révolution « rallumer l'héroïsme et la foi de

L'inégal accès à la chose politique

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  Daniel Gaxie, Le cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique , Paris : Seuil, 1978, 269 p. Enjeu : le pouvoir : compétition réglée pour l'accès au pouvoir entre les agents. Pouvoir : direction d'un groupement politique. État : groupement politique. État : monopole de la violence légitime. Cela signifie qu'il peut y recourir = légalité, légitimité = croyance dans le bien-fondé de ce monopole = croyance répandue donc pas besoin d'y recourir : arme dissuasive mais comme la bombe l'État peut s'en servir. Habituellement il ne s'en sert pas : impôt, code de la route, service militaire. Il faut entendre la violence physique de façon plus générale que les coups (CRS) : la contrainte physique = emprisonnement, garde à vue, jugement. L'ultime recours peut-être la force physique. Mais encore une fois ce système de sanction est accepté : respect des lois. De tous les pouvoirs, le pouvoir politique est le seul qui puisse

La mise à jour de son histoire personnelle

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  Vincent de Gaulejac, L'Histoire en héritage. Roman familial et trajectoire sociale , Petite Bibliothèque Payot, 2012 (1999), 300 p. À propos de son collègue Michel Bonetti qui a écrit des ouvrages avec lui. Il est fils d'ouvriers immigrés italiens. Fils unique il est bon élève. Chaque fois qu'il a une meilleure note que le fils du patron de l'usine où travaille son père un collègue de ce dernier lui donne une pièce de cinq francs en lui disant de continuer comme ça. Cela pose la question de la valorisation : comment la réussite est-elle valorisée ? Hypothèse de ce travail : « l'individu est le produit d'une histoire dont il cherche à devenir le sujet. » (11) La méthodologie de travail de groupe tourne autour de la notion de roman familial. Ce terme renvoie à un fantasme analysé par Freud selon lesquels les enfants à abandonnés et par extension tous les enfants malheureux imaginent qu'ils sont issus d'une lignée prestigieuse. Ce f