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Affichage des articles du mai, 2022

Où en sont les classes populaires ?

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  Stéphane  Beaud, & Michel Pialoux, Violences urbaines, violence sociale. Genèse des nouvelles classes dangereuses , Paris : Fayard, 2003, 426 p. Point de départ : une émeute urbaine à Montbéliard oppose des « jeunes » aux forces de police. Les jeunes : non identifiable simplement (contre la réification p. 15): il y a « un continuum de positions, volatilité des attitudes et des opinions en fonction de la conjoncture ». (note 1 p. 15) Idée : dégager le soubassement socio-historique de tels mouvements, et voir l'émeute comme un symptôme (16) : du chômage, de la précarité, de l'affaiblissement de la définition collective, de la déstabilisation des familles, de l'effondrement de la représentation politique, de la ségrégation spatiale. Dans ce cadre, les jeunes se sont construits avec « des chances de vie » restreintes (Weber) s'inventant des repères face à des pères sans travail. Mais aussi glissants vers l'autodestruction de soi (17). Donc comprendre la l

Comprendre l'holocauste

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  Zygmunt Bauman, Modernité et Holocauste , Paris : la Fabrique, 2002, 286 p. La thèse du livre : L'holocauste a été mis en œuvre dans une société moderne et rationnelle qui loin d'être un obstacle a au contraire accéléré et produit le processus. Donc à ne considérer l'holocauste comme une spécificité de l'histoire, un problème juif, on voit plus les fondements sociaux. De même à ne voir que des causes allemandes ou nazies, on ne voit pas les causes autres. « L'holocauste fut le résultat d'une rencontre unique entre des facteurs en eux-mêmes tout à fait normaux et courants et que la possibilité d'une telle rencontre peut être attribuée en grande partie à émancipation de l'État politique de tout contrôle social, grâce à son monopole sur les moyens de coercition et à ses audacieuses ambitions manipulatrices – émancipation consécutive au démantèlement progressif de tous les pouvoirs non politique et des institutions d'autogestion sociale » (19) On

Les modes d'appartenance et d'identité contemporains

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Zygmunt Bauman, Thomas Leoncini, Les enfants de la société liquide , Fayard, 2018, 109 p. Prend acte de la disparition de la communauté (cf Tonnies). L'idée d'identité et la pratique de l'auto-identification ont surgit pour remplir ce vide. Dans cette perspective le corps résout « l'insoluble dilemme de l'union de l’appartenance avec l'auto affirmation, de la permanence de l'identité avec sa flexibilité et sa manipulabilité. » (22) Les signes de dénomination qui sont « gravés ou incrustées sur nos corps disent que l'identité qu'ils impliquent n'est pas une lubie momentanée mais un engagement durable et sérieux. Le tatouage signale en un coup d’œil la stabilité intentionnelle d'un engagement et la liberté d'exprimer ou non son droit à l'auto définition et à son exercice. » (23) La mode unit les idées contradictoires d'appartenance et d'individualité, de durée et de provisoire. Elle trouve une manifestation aboutie et os

Ce que la sociologie de la consommation revèle

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  Christian Baudelot & Roger Establet, Maurice Halbwachs, consommation et société , PUF, 1994, 128 p. Les lois d'Engel formulées entre 1853 et 1891 : Plus le revenu est élevé, plus petite est la proportion consacrée à la nourriture ; La proportion de la dépense de vêtements reste approximativement la même quel que soit le revenu ; La proportion des dépenses pour le logement, le combustible et l'éclairage reste approximativement la même pour toutes les catégories de revenus ; Plus le revenu est élevé, plus est grande la proportion des dépenses diverses. Les divers enquêtes de Halbwachs vérifient la première et la quatrième loi mais pas les autres. Pour lui le statisticien a eu deux torts : de supposer une relation simple et linéaire entre la répartition des dépenses et le niveau de revenus. L'organisation d'un budget familial est un fait social trop complexe pour s'ordonner à partir de cette variation de ressources. Le revenu ag

Les discriminations raciales dans le cadre professionnel

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  Philippe Bataille, Le racisme au travail , La Découverte, 1997, 267 p. Chap 1 : les relations de travail Au travail, « la conversation peut se terminer par des menaces a priori dans le vide, mais qui désignent toujours les mêmes. La responsabilité des immigrés serait de provoquer, par leur simple présence, l’émiettement culturel de la nation française. Dans ces vibrantes déclarations se reconstruisent inlassablement les critères d’appartenance à l’identité française. Or, seuls ceux qui les définissent sont susceptibles de les satisfaire. il est alors fortement question de la dégradation des mœurs et de l’affaiblissement de la morale... » (18) Le racisme équilibré est un raisonnement qui a cours dans les entreprises sous deux formes : - L’entreprise ayant une fonction de sociabilité, et d’intégration, le patronat essaie de contrôler les expressions du racisme - Les ouvriers manifestent leur solidarité intrinsèque en combattant le racisme, en l’empêchant de se manif