Internet est partout
Cédric Biagini, L’emprise numérique. Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies, Ed. L’échappée, 2012
Chap 4 : Facebook, : le meilleur des mondes
Des concurrents de Facebook se voulant plus responsables et éthiques peinent à émerger : la solution consiste à faire la même chose mais en plus éthique, par exemple n’acceptant que les publicités écologiques, sociales, démocratiques, considérant ses utilisateurs comme contributeurs, mais… un réseau social n’existe que par ses contributeurs !
Facebook détient 20 % du marche publicitaire derrière Google dont le PDG déclare que « les annonceurs sont prêts à payer beaucoup d’argent pour cet hyper ciblage. » (182)
Paradoxe de l’époque : quand l’État tente de mettre en place un fichier (Edwige) contenant des données relatives aux personnes (physique, environnement, opinions…), c’est le tollé alors qu’en même temps des millions de personnes le font volontairement en donnant plus d’infos que la police ne pourrait espérer en collecter. Alors que 75 % des Français se disent inquiets de l’utilisation qui peut être faite des informations qu’ils laissent sur le net, ils en donnent de plus en plus.
L’auto-affichage est plus intéressant pour les entreprises ou le pouvoir politique que des fichiers policiers. La CNIL ne met pas de bâton dans les roues. La police écume les réseaux sociaux pour enquêter sur des crimes, le métier de détective privé aussi, les entreprises pour embaucher ou surveiller leurs employés.
Journaliste de la BBC Bill Thompson : « il faut repenser ce qu’est un être humain ! Pouvons nous dépasser l’idée obsolète que représente la vie privée, la sphère privée, et prendre le risque de vivre avec l’idée que la vie privée n’existe plus ? » (187)
E. Schmidt PDG de Google : « seuls ceux qui ont quelque chose à cacher posent la question de la confidentialité de Google. »
Patron de Facebook : « les gens sont non seulement habitués à partager plus d’informations mais à le faire plus ouvertement et avec du monde. La norme sociale a évolué. » 187)
Apparaît un droit à l’oubli numérique…
Les technologies comme la biométrie évoluent et permettront à ceux qui possèdent un smartphone de photographier quelqu’un ds la rue et de le reconnaître grâce à une banque de données et accéder à des informations sur lui. « Nous entrons dans un monde de la transparence où la personne humaine se trouve réduite à un être entièrement tourné vers l’extérieur, et uniquement définie par ses capacités à communiquer, à se connecter, à accéder au réseau et à pouvoir rester dans les flux. Cet être fabrique en permanence des images de lui-même, auxquelles d’autres images répondent. L’intériorité disparaît : plus de richesse intérieure, juste une intimité surexposée, creuse et uniformisée, dans une société dont le lien social tout entier est orienté vers la communication. » (189) = la personne se vit comme un souvenir : anecdote de l’engueulade d’un couple : à quoi ça sert qu’on soit venus là si t’as pas apporté l’appareil photo…
Nous sommes exposés en permanence, et l’anxiété serait de ne pas l’être, « comme si le sujet avait besoin du regard de la caméra qui serait le seul garant ontologique de son être. » (S. Zizek) (192)
Lasch : « de fait le narcissisme semble représenter la meilleure manière d’endurer les tensions et anxiétés de la vie moderne. Les conditions sociales qui prédominent tendent donc à faire surgir les traits narcissiques présents à différents degrés, en chacun de nous. » (193)
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