Ce que les épidémies disent de l'état de la société
Slavoj Žižek, Dans la tempête virale, Actes Sud, 2020, 153 p.
Citation du penseur Han et de son livre la société de fatigue : le système néolibéral n'est plus un système de classes au sens propre du terme. Il ne consiste pas en classes sociales antagonistes. C'est ce qui explique sa stabilité. Les sujets en viennent à s'auto-exploiter. L'individu désormais est à la fois son propre maître et esclave. Même la lutte des classes s'est transformée en lutte intérieure contre soi-même. L'individu est devenu le sujet de la réalisation personnelle, il se refaçonne et de se réinvente en permanence avec pour résultat une forme de compulsion et de contraintes, et de fait un type plus efficace de subjectivation et d'assujettissement. Se vivant comme un projet, s'estimant quitte de toute contrainte extérieure étrangère, le je se soumet désormais de lui-même à des limitations et à des auto contraintes intérieures qui adoptent la forme d'une compulsion à la réalisation personnelle et à l'optimisation. (cit. p. 22)
Chez Giorgio Agemben on trouve l'idée d'une tendance à utiliser l'État d'exception comme paradigme normal de gouvernement. Il existe un état de peur qui s'est manifestement diffusé ces dernières années dans les consciences individuelles et qui se traduit par un réel besoin d'états de panique collective, auquel l'épidémie offre une fois de plus le prétexte idéal. (cit p. 64)
Kate Jones (professeur d'écologie) : l'un des effets collatéraux du développement économique humain est la transmission de la maladie aux humains par des animaux sauvages. Tout simplement nous sommes partout et beaucoup trop nombreux. Nous investissons des endroits jusque là préservés et ce faisant nous nous exposons de plus en plus. Nous créons des habitats où les virus se transmettent plus facilement, et nous nous étonnons ensuite de l'apparition de nouvelles maladies. (77)
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