Elsa Osorio : Luz ou le temps sauvage

 


Elsa Osorio, Luz ou le temps sauvage, Métailié (Points), 2000 (1998), 473 p.

Livre sur la mémoire, celle des années de dictature argentine appréhendées sous l'angle des enfants enlevés à leur mère. La narration, complexe car polyphonique, est d'abord déroutante : on peine à savoir qui s'exprime, et en quelle année, car s'entrecroisent sans cesse des je et des il qui ne sont pas les mêmes, avec des insertions d'une pensée des uns ou des autres dans le récit, lui-même non linéaire. Mais c'est cette construction ambitieuse qui restitue pleinement les points de vue multiples sur une séquence historique dramatique pour un grand nombre, y compris pour les bénéficiaires comme l'indique de le personnage d'Edouardo, lequel a obtenu avec sa femme Mariana, et grâce à l'appui de son beau-père un militaire au service du régime, d'un enfant, une Luz qui est la narratrice principale (mais on le ne sait pas d’emblée). Le livre raconte donc une quasi enquête policière menée par Luz à propos de ses véritables origines qui la conduit à découvrir à l'âge adulte son véritable père Carlos réfugié en Espagne, alors qu'elle même est devenue mère à son tour. Il y a beaucoup d'émotions dans cette quête et ce récit, même si le livre perd un peu de son style et de sa subtilité dans sa deuxième partie quand l'auteur fait accélérer l'histoire au rythme de l'enquête et des manœuvres de la belle famille, pour devenir plus démonstratif. Il perd aussi un peu en crédibilité. Mais dans l'ensemble c'est un bon livre.

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