Le fonctionnement du capitalisme (4)
Livre deuxième le procès de circulation du capital
(F. Engels : préface. )
Première section. Les métamorphoses du capital et leur cycle
Chapitre I : Le cycle du capital-argent
Le procès cyclique du capital s'effectue en trois stades :
1 : le capitaliste apparaît sur le marché des marchandises et sur le marché du travail, comme acheteur ; son argent se convertit en marchandises et accomplit l'acte de circulation A–M
2 : consommation productive par le capitaliste des marchandises achetées. Il agit comme producteur de marchandises capitaliste ; son capital accomplit le procès de production. Résultat : une marchandise d'une valeur supérieure à celle de ses éléments producteurs.
3 : Le capitaliste retourne sur le marché comme vendeur ; sa marchandise se convertit en argent, autrement dit accomplit l'acte de circulation M-A
Au final on obtient A-M...P...M'-A' (le A est augmenté de la plus-value)
Stade 1 (A-M) :
Il existe un rapport précis entre les moyens de production et les forces de travail disponibles : il faut qu'il y ait un ajustement entre les deux.
L'argent avancé (la valeur) se trouve « sous la forme de capital productif doué de la capacité de fonctionner comme créateur de valeur et de plus-value. Appelons P le capital qui se trouve sous cette forme. » (30)
T la force de travail, Mp les moyens de production.
A-T est donc le moment typique de la conversion du capital–argent en capital productif : c'est la condition essentielle, pour que l'argent avancé se convertisse en capital, en valeur productrice de plus-value.
Le travail ne possède pas de prix en lui-même, il dissimule la force de travail et donc son prix est équivalent à sa reproduction, ou à la condition de sa perpétuation. Le salaire est une forme déguisée de cette force de travail.
Le fait typique, c'est « que la force de travail apparaisse comme marchandise. » (32) Comme les moyens de production appartiennent aux capitalistes, ils « affrontent le possesseur de la force de travail en tant que propriété d'autrui. » L'acheteur « l'incorpore à son capital pour que celui-ci puisse fonctionner effectivement comme capital productif. Le rapport de classe entre capitaliste et salarié existe donc. » (33)
L'argent ne peut être utilisé pour acheter la force de travail que parce qu'existe « un état de séparation entre la force de travail et ses moyens de production (y compris les moyens d'existence comme moyens de production de la force de travail elle-même), et parce que cette séparation ne peut être surmontée que par la vente de la force de travail au détenteur des moyens de production, en sorte que l'acheteur est maître de la mise en œuvre de la force de travail. » (33) La vente–achat d'esclaves est aussi vente-achat de marchandises. Mais il faut que l'esclavage existe déjà pour qu'on puisse consacrer de l'argent à cette acquisition. De la même façon, pour que la vente de force de travail personnelle ne se présente pas comme phénomène isolé, il faut qu'existe les conditions sociales de ce rapport. De plus, « la formation du capital et sa mainmise sur la production, exige un certain degré de développement du commerce et avec lui de la circulation des marchandises. » (35) Le passage d'esclaves ou serfs à salariés nécessite pour les capitalistes de posséder de l'argent pour payer le salaire. Mais il faut aussi qu'existe une main-d'œuvre disponible en nombre suffisant et au moment voulu : « l'existence de l'ouvrier libre à l'échelle de la société entière. » (35) Aussi, la formule A-M...P...M'-A' n'est « la forme naturelle du cycle du capital que sur la base d'une production capitaliste déjà développée. » (35)
Stade 2 :
Le premier stade de la conversion du capital-argent, capital productif n'apparaît donc comme le prélude et l'introduction au deuxième stade, la fonction du capital productif. « Aussitôt que la production au moyen du travail salarié devient générale, la production de marchandises est nécessairement la forme générale de la production. Et la généralisation de la production marchande nécessite à son tour une division toujours croissante du travail social, c'est-à-dire une spécialisation toujours plus grande du produit fabriqué comme marchandise par un capitaliste déterminé, l'éclatement toujours plus grand du procès de production complémentaire en procès devenus indépendants. » (37) La production marchande capitaliste exerce « un effet décomposant et dissolvant sur toute forme antérieure de la production. » (37) Pour produire, il faut toujours des travailleurs et des moyens de production. « C'est la manière spéciale d'opérer cette combinaison qui distingue les différentes époques économiques par lesquelles la structure sociale est passée. » (38) Les moyens de production ne deviennent des aspects objectifs du capital productif qu'à partir du moment où la force de travail peut leur être incorporée. Car en fonctionnant, le capital productif consomme ses propres composants pour les transformer en produits ayant une valeur supérieure. Le produit n'est donc pas seulement de la marchandise mais de la marchandise fécondée de plus-value.
Stade 3 (M'-A') :
« La reconversion finale de la valeur-capital en sa forme argent primitive est une fonction du capital-marchandise. Cette fonction implique la première conversion de la plus-value de sa forme marchandise primitive en la forme argent. La forme argent joue donc ici un double rôle : d'une part, elle est la forme récurrente d'une valeur primitivement avancée en argent, donc le retour à la forme de valeur qui a auguré le procès ; d'autre part, elle est la première forme convertie d'une valeur qui entre initialement dans la circulation sous forme de marchandises. » (44) Valeur–capital et plus–value se présentent maintenant comme monnaie, donc sous forme d'équivalent général. À la fin du procès, la valeur-capital retrouve sa forme initiale et peut de nouveau recommencer comme capital-argent, qui donne donc son nom à ce procès cyclique. On assiste à une augmentation constante du capital, si la plus-value n'est pas consommée en dehors du cycle de production.
Stade 4 : Le cycle total
Forces de travail et moyens de production achetés sur le marché sont consommés comme parties constitutives, en substance et en valeur du capital productif ; le produit de cette consommation est une marchandise nouvelle.
« Les deux formes que la valeur–capital prend dans le cadre de ses stades de circulation, sont celles de capital–argent et de capital–marchandise ; Sa forme pendant le stade de la production est celle de capital productif. Le capital qui, dans le cours de son cycle total, prend, puis rejette ces formes, et accomplit chaque fois la fonction correspondante, est du capital industriel, – industriel en ce sens qu'il embrasse toute branche de production exploitée en mode capitaliste. Capital–argent, capital–marchandise, capital productif ne désignent donc pas ici des sortes autonomes du capital, dont les fonctions formeraient le contenu de branches d'affaires séparées et également autonomes. Ils ne désignent que des formes fonctionnelles particulières du capital industriel qui les prend toutes les trois successivement. » (50)
Le capital est un agent de la circulation générale des marchandises ; c'est « un chaînon dans la série générale des métamorphoses par où passe le monde des marchandises ». (54) Dans la circulation générale, il possède son cycle propre qui le ramène à son point initial sous la forme même qu'il avait au point de départ.
Le cycle A-M...P...M'-A' apparaît :
1) d'abord comme cycle du capital–argent dans lequel le but déterminé du mouvement est la valeur d'échange et non, la valeur d'usage : « faire de l'argent, comme principe moteur de la production capitaliste. » (54) Le procès de production étant le mal nécessaire pour faire de l'argent.
2) ensuite, le stade de production où la fonction P constitue dans ce cycle une interruption des deux phases de circulation. Ce procès de production est « un simple moyen de faire valoir la valeur avancée. » (54)
3) « Le capital argent est l'argent qui enfante de l'argent. La génération de plus-value par la valeur est exprimée non seulement, comme étant l'alpha et l'oméga du procès, mais expressément sous la forme resplendissante de l'argent. » (55)
4) A' possédant la même forme qu'au début du cycle, il peut dès lors recommencer ce cycle comme capital-argent, agrandi (accumulé). « C'est pourquoi, considérant en dehors de tout renouvellement, le cycle du capital–argent n’exprime, au point de vue de la forme, que le procès du faire valoir et de l'accumulation. » (55) La consommation ne s'exprime que comme consommation productive. Y compris la consommation individuelle de l'ouvrier afin qu'il reproduise sa force de travail.
« Le procès cyclique du capital est donc unité de circulation et de production, il implique l'une et l'autre. » (56) Le capitaliste doit tendanciellement revenir à la forme argent, ne serait-ce que pour gérer enclencher le cycle de production en payant les salaires.
Chapitre II : Le cycle du capital productif
I) Reproduction simple
Ici, le capitaliste consomme la plus-value à titre personnel. Les mouvements de la valeur–capital et de la plus-value peuvent être séparés, elles sont des sommes d'argent autonomes : A continue comme forme fonctionnelle de la valeur-capital quand a est dépensé comme revenu du capitaliste.
« La circulation générale comprend aussi bien l'entrelacement des cycles des différentes fractions autonomes du capital social, c'est-à-dire la totalité des capitaux individuels, que la circulation des valeurs jetées sur le marché, sans être des capitaux, ou encore des valeurs entrant dans la consommation individuelle. » (65) L'ouvrier touche un argent qui représente la forme convertie de son propre travail futur ou de celui d'autres ouvriers. À l'aide d'une partie de son travail antérieur le capitaliste lui donne un bon sur son propre travail à venir. « Ici, s'évanouit entièrement l'idée de la formation de provision. » (67) En elle-même la forme argent se conserve même quand elle n'accomplit pas des fonctions de capital–argent : elle peut tenir plus longtemps sous cette forme qu'elle ne se conserve sous la forme périssable de marchandises. « La conversion de capital–argent en capital productif est l'achat de marchandises pour produire des marchandises. C'est seulement quand la consommation devient ainsi consommation productive qu'elle tombe dans le cycle du capital lui-même ; la condition requise est que la marchandise consommée serve à faire de la plus-value, et c'est là quelque chose de bien différent de la production, et même de la production marchande, qui a pour but l'existence de producteurs ; le remplacement d'une marchandise par une autre, lorsqu'il obéit ainsi à la production de plus-value, est toute autre chose que l'échange pur et simple de produits, dont l'argent est seulement le moyen. C'est pourtant la confusion que commettent les économistes pour démontrer qu'aucune surproduction n'est possible. » (70)
II) L'accumulation et la reproduction sur une échelle élargie
La thésaurisation accompagne le procès capitaliste d'accumulation, mais s'en distingue car le capital–argent latent n'élargit pas le procès de reproduction lui-même. Au contraire. Il se forme parce que le producteur capitaliste est incapable d'étendre immédiatement l'échelle de sa production. P' exprime la valeur–capital primitive plus la valeur d'un capital accumulé par son mouvement.
Dans la sphère de la circulation, le capital ne peut exister que sous deux formes qui correspondent à cette sphère : la marchandise et l'argent. (76) Ses formes sont liées entre elles comme « formes de fonctions que le capital industriel doit accomplir à différents stades de son procès cyclique, et donc la fonction argent et la fonction marchandise sont en même temps fonctions du capital argent et du capital marchandise. » (76)
III) L'accumulation d'argent
Pour que l'entreprise puisse s'étendre, il faut une augmentation considérable de la plus-value. Le trésor constitué à un moment donné apparaît comme forme du capital-argent et thésaurisation, un procès « qui accompagne passagèrement l'accumulation du capital », l'argent figurant comme capital–argent latent.
IV) Le fonds de réserve
Chapitre III : Le cycle du capital-marchandise
Le cycle du capital-marchandise a pour formule générale : M'-A'-M...P...M'
M' apparaît non seulement comme produit mais aussi comme condition des deux premiers cycles qu'il n'ouvre pas ainsi « comme simple M, comme simple forme marchandise de la valeur-capital. Étant capital-marchandise, il combine toujours deux aspects. Au point de vue de la valeur d'usage, il est le produit de la fonction de P - un stock de fils par exemple - dont les éléments T et Mp provenant de la circulation en tant que marchandises n'ont fonctionné que comme producteurs de ce produit. Au point de vue de la valeur, M' est la valeur–capital P + la plus-value pl engendrée dans la fonction de P. » (83) On observe une interdépendance des cycles de production industrielle au sein du cycle global.
Chapitre IV : Les trois figures du procès cyclique
Ct : Le procès de circulation total. On a alors :
I : A-M...P...M'-A'
II : P...Ct...P
III : Ct...P (M')
« Chaque moment apparaît comme point de départ, point intermédiaire et retour au point de départ. Le procès total se présente comme unité des procès de production et de circulation ; le procès de production sert de moyen au procès de circulation et réciproquement. » (93)
«Tant que M–A est A–M pour l'acheteur et que A–M est M–A pour le vendeur, la circulation du capital représente simplement la métamorphose ordinaire des marchandises, soumise aux lois qui, à propos de cette dernière ont été exposées concernant la masse de l'argent en circulation. Mais dès qu'on ne s’arrête plus à ce côté formel, et qu'on étudie dans leur connexion réelle, les métamorphoses des différents capitaux individuels, donc en fait la connexion des cycles des capitaux individuels comme mouvements partiels du procès de reproduction du capital social total, on ne peut plus expliquer ce procès par le pur échange de formes entre argent et marchandise. » (93)
« Dans un cycle en rotation permanente, chaque point est à la fois point de départ et point de retour. Si nous interrompons la rotation, tous les points de départ ne sont pas point de retour. » Les trois cycles, les trois états du capital s'accomplissent sans interruption. Le cycle total est donc l'unité effective de ces trois formes (capital-argent, capital-productif, capital-marchandises). « Tout blocage dans la succession de ces cycles, entraîne un blocage plus ou moins grave pour le cycle total, non seulement de la fraction du capital bloquée, mais aussi du capital individuel dans son ensemble. » (96) « Une fraction du capital, mais constamment changeante, constamment reproduite, existe comme capital–marchandise, qui se convertit en argent ; une autre, comme capital-argent qui se convertit en capital productif ; une troisième, comme capital productif qui se convertit en capital–marchandise. (…) Considéré comme un tout, le capital occupe donc ses phases différentes simultanément, par juxtaposition dans l'espace. » (97) On ne peut comprendre le capital « que comme mouvement, et non pas comme une chose au repos. La valeur traverse ici différentes formes, différents mouvements, dans lesquels elle se conserve, et en même temps se met en valeur, s'agrandit. » (97)
Deux remarques :
- « dès que l'acte A-M(p) est achevé, les marchandises (Mp) cessent d'être des marchandises et deviennent un des modes d'existence du capital industriel, sous sa forme fonctionnelle de P, capital productif. » Elles sont donc incorporées au capital industriel. Mais la nécessité de les remplacer impose leur reproduction. Et « en ce sens, le mode de production capitaliste dépend d'autres modes de production, restés étrangers à son degré de développement. Mais il tend à convertir autant que possible, toute production en production marchande ; le principal moyen d'y arriver, c'est justement d'entraîner ainsi toute production dans son procès de circulation ; une production marchande développée ne peut qu'être production capitaliste de marchandises. L'intervention du capital industriel fait avancer partout cette transformation, et avec elle la conversion de tous les producteurs directs en salariés.» (102)
- « Les marchandises, entrant dans le procès de circulation du capital industriel (y compris les subsistances nécessaires, qui sont le résultat de la conversion subie par le capital variable pour permettre la reproduction de la force de travail lors de la paie des ouvriers), quelle que soit leur origine, quelle que soit la forme sociale du progrès de production, dont elles sont issues, affronte le capital industriel en ayant elles-mêmes la forme de capital-marchandise, la forme de capital de négoce ou capital commercial ; seulement, ce capital, par nature, englobe des marchandises de tous les modes de production. » (102)
Le mode de production capitaliste implique la vente en gros c'est-à-dire la vente au commerçant et non au consommateur individuel. Ainsi, le capital industriel d'une branche de production fournit des moyens de production à une autre branche. Il y a donc un entrelacement des conversions A–M dans le cycle global qui touche nécessairement divers acteurs et divers secteurs (charbon, fil, tissu, etc.)
On peut dire qu'il existe trois formes d'économie : naturelle, monétaire, de crédit, les deux dernières n'exprimant que des formes d'échange, le crédit n'apparaissant qu'à un stade donné du développement de la production capitaliste. L'économie de troc est l'autre nom de l'économie naturelle. Elle devient autre, dès lors que le producteur agricole direct devient un salarié. « C'est le rapport entre le capitaliste et le salarié qui fait du rapport monétaire, du rapport entre l'acheteur et le vendeur, un rapport immanent à la production même. Mais ce rapport a son fondement dans le caractère social de la production, non du mode d'échange ; au contraire, c'est celui-ci qui résulte de celui-là. » (108)
Chapitre V : La période de circulation
Pour fonctionner, le capital a besoin de stocker des matières premières, d'utiliser du matériel, des bâtiments, etc. lesquelles ne sont consommées que sur une certaine durée. Il existe donc un écart entre la période de production et la période de fonction. La période de production des moyens de production comprend donc : le temps pendant lequel ils fonctionnent comme moyens de production ; les pauses pendant lesquelles le procès de production s'interrompt ; le temps pendant lequel ils sont sans doute disponibles comme conditions du procès et représente donc déjà du capital productif, mais ne sont pas encore rentrés dans le procès de production. La période de production est donc supérieure à la période de travail car il y a dans la sphère de production du capital productif à l'état latent. La valeur de ce capital latent ne se transmet au produit qu’au moment où il fonctionne. C'est le travail qui transmet aux produits la valeur des moyens de production en les consommant. « Il ne se produit par conséquent aucune mise en valeur du capital productif, tant qu'il se trouve dans cette partie de sa période de production qui excède la période de travail, quelque indispensables que soient ces pauses pour l'accomplissement du procès de mise en valeur. » (114) La productivité est d'autant plus forte que les périodes de production, les périodes de travail coïncident davantage.
Le capital séjourne dans la sphère de circulation comme capital–marchandise et capital–argent. Les périodes de circulation et de production s'excluent l'une de l'autre. Là aussi plus la période de circulation est courte plus la productivité augmente. Elle se rapproche par exemple de zéro lorsqu'un capitaliste travaille sur commande et le produit est payé à la livraison.
La circulation du capital marchandise M’-A’ est soumise à des limites car comme valeur d'usage, les marchandises sont périssables par nature. Et donc si elles ne sont pas consommées productivement ou individuellement, elle se perdent et avec la perte de leur valeur d'usage se perd en même temps la valeur d'échange. C'est donc cette limite qui est imposée à la période de circulation du capital-marchandise, l'avarie du corps même de la marchandise.
Chapitre VI : Les frais de circulation
I) Frais de circulation proprement dits
1. La durée de la vente et d'achat
« Le temps consacré à la vente et à l'achat ne crée pas de valeur. C'est une illusion introduite par le fonctionnement du capital commercial. » (120) Mais le temps consacré a son importance dans le processus de production. Une partie du capital variable doit donc être consacrée à l'achat des forces de travail fonctionnant dans la circulation : ce sont les frais de circulation.
2. La comptabilité .
Un autre temps et de matériel sont dépensés dans le travail de comptabilité.
3. La monnaie
Celle-ci n'entre dans le procès de circulation que comme équivalent général. Elle est immobilisée comme part de la richesse sociale et de surcroît son usure nécessite son remplacement continu. Il faut donc consacrer une partie de la richesse sociale au procès de circulation.
II) Frais de garde
1. La formation des provisions en général
Ces provisions sont nécessaires avant la vente de la marchandise, pour acheter les moyens de production, pour payer les salaires, pour acheter la matière, pour conserver les marchandises dans des entrepôts… Ces frais n'appartiennent pas à la sphère de production, mais comptent parmi les frais de circulation mais ils sont différents de ceux évoqués précédemment, car dans une certaine mesure ils entrent dans la valeur des marchandises et par conséquent la renchérissent. « Ce sont des faux frais. » (128) La provision existe sous trois formes : capital productif, fonds de consommation individuelle, provision de marchandises ou capital–marchandise. Elle diminue sous une forme quand elle augmente sous une autre. Quand elle est déterminée à la satisfaction personnelle du producteur, elle prend une part infime de la forme marchandise. La provision sous forme marchandise ne constitue alors qu'une partie fugitive de la richesse, puisque c'est le fonds de consommation qui est visé. C'est le propre de l'économie paysanne. Quand l'échelle de la production s'accroît, il est nécessaire d'accroître la masse des matières premières et des matières auxiliaires entrant dans le procès de reproduction quotidien. Il faut que ces éléments soient prêts sur le lieu de production. « Le volume de cette provision existant sous forme de capital productif augmente donc de façon absolue. » (130) Cette nécessité des flux fragilise le procès de production capitaliste puisque les différents moments sont interdépendants. Mais le volume nécessaire des approvisionnements peut diminuer avec le développement des moyens de transport et celui du marché mondial même qui multiplie les lieux de provenance, par exemple de la matière première.
2. Provision de marchandises proprement dite
Le développement de la production capitaliste implique que la production est de moins en moins déterminée par la demande immédiate du produit, et donc de plus en plus par le volume du capital dont dispose du capitaliste individuel, nécessitant pour lui d'avoir des stocks afin d'assurer la continuité et l'extension de son procès de production. La majeure partie de la société se transforme donc en salariés.
Ces stocks nécessitent des bâtiments qui constituent une perte positive. Le stockage étant un arrêt de la circulation, les frais qui en résultent n'ajoutent pas de valeur à la marchandise. Il n'y a donc « pas de stock sans arrêt de la circulation. (Et) pas de circulation de marchandises sans provision de marchandises » (y compris stock d'argent). (134) En effet, le producteur évalue la demande moyenne pour ne pas dépendre de la production immédiate et s'assurer une clientèle stable.
III) Frais de transport
« Tous les frais de circulation qui résultent uniquement du changement de forme de la marchandise, n'ajoutent pas de valeur à cette dernière. » (137) (emballage, assortiment, circulation…). Ces faux frais viennent en déduction de la plus-value du surproduit. Toute marchandise qui circule comme marchandise ne bouge pas nécessairement de place : exemple de la maison qui change de propriétaire.
La loi de la productivité du travail déjà dégagée s'applique aussi à la circulation : « plus la quantité de travail, mort et vivant, qui est requise pour le transport de la marchandise à une distance donnée est petite, plus est grande la productivité, et inversement. » (138) Les frais de transport sont notamment relatifs au volume, au poids et à la nature (fragilité) transportés.
« D'un côté, l'industrie des transports constitue une branche autonome de production, et par conséquent, une sphère spéciale de placement du capital productif ; d'un autre côté, elle se distingue en ce qui apparaît comme la continuation d'un procès de production à l'intérieur du procès de circulation et pour lui. » (140)
deuxième section. La rotation du capital
Chapitre VII : Temps de rotation. Nombre de rotations
La durée totale d'un cycle de capital donné est égale à la somme de ses périodes de circulation et de production. C'est donc « le laps de temps qui va du moment où la valeur–capital est avancée sous une forme déterminée, jusqu'au moment où, dans son procès, elle est de retour sous la même forme. » (141) Le but est donc « la mise en valeur de la valeur avancée. »
« Le cycle du capital, défini non pas comme des démarches isolées, mais comme procès périodique, s'appelle sa rotation. La durée de cette rotation est donnée par la somme de ses périodes de production et de circulation. Cette somme constitue le temps de rotation du capital. » (143) L'année constitue l'unité naturelle pour mesurer les rotations. Cette unité de mesure prend son fondement dans les produits agricoles qui sont des produits annuels.
Chapitre VII : Le capital fixe et le capital circulant
I) Les différences de forme
Les moyens de travail (bâtiment, machine, etc.), cette partie du capital constant, « cède de la valeur aux produits dans la mesure où elle perd, avec sa propre valeur d'usage, sa propre valeur d'échange. » (145) Sa valeur diminue constamment jusqu'à ce que le moyen de travail ne puisse plus servir. Cette valeur fixée dans le moyen de travail circule comme n'importe quelle autre partie. Mais d’une façon particulière. Pas sous sa forme d'usage, sa valeur circule peu à peu, par fraction. « Telle est la particularité qui confère à cette partie du capital constant, la forme de capital fixe. Tous les autres composants matériels du capital avancé dans le procès de production constituent, par opposition, le capital circulant ou courant. » (146) Certains moyens de production n'entrent pas matériellement dans le produit : matières auxiliaires consommées (l'énergie par exemple). Leur valeur forme simplement une partie de la valeur du produit. C'est un point commun avec le capital fixe. « Mais, dans chaque procès de travail où ils entrent, ils se consomment en totalité, il faut donc les remplacer en totalité pour chaque procès de travail nouveau.
Une exception doit être faite pour les moyens de transport, puisque l'effet utile qu'ils rendent pendant leur fonctionnement productif, c'est-à-dire pendant leur séjour dans la séance de production, c'est-à-dire le déplacement, entre en même temps dans la consommation individuelle, celle du voyageur par exemple.
« La détermination qui donne le caractère de capital fixe à une partie de la valeur–capital avancée, sous forme de moyens de production, réside exclusivement dans le mode original de cette valeur. » (147) Le degré de fixité du moyen de travail augmente avec sa durabilité. Un objet devient du capital fixe ou pas suivant la fonction qu'il exerce : comme bêtes de travail, les animaux sont du capital fixe ; comme bête à engrais, ils sont de la matière première entrant dans la circulation, et donc sont du capital circulant. La semence n'est pas du capital fixe, mais une matière première fixée dans le procès de production. « Tout capital, tant qu'il fonctionne comme capital, productif est fixé dans le procès production ; il en va de même de tous les éléments du capital productif, quels que soient leur aspect matériel, leur fonction et le mode de circulation de leur valeur. Et ce n'est pas la durée plus ou moins longue de cette fixation, durée qui dépend de la nature du procès production, autrement dit de l’effet utile qu'on se propose, qui détermine la différence entre le capital fixe et le capital circulant. » (149)
Si la durée de fonctionnement d'une machine est de 10 ans, le temps de rotation de la valeur est également de 10 ans. Sa valeur circule pendant ce temps par fractions intégrées à la valeur des marchandises. Elle se transforme donc peu à peu en argent. En attendant la date de reproduction, « sa valeur s'accumule, graduellement sous la forme d'un fonds de réserve monétaire. » (151) Rappelons que les autres éléments du capital productif se composent pour partie des éléments du capital constant existant sous forme de matières auxiliaires et de matières premières, et pour partie du capital variable avec la force de travail. Cette partie du capital constant est consommée en quasi totalité ou en totalité dans la formation du produit en lui transférant intégralement sa valeur. Mise en circulation, celle-ci se transforme en argent lequel est de nouveau transformé en éléments de production de la marchandise. Sa rotation n'est pas interrompue comme celle du capital fixe, mais parcourt sans cesse tout le cycle et se renouvelle constamment. L'élément variable du capital productif, la force de travail, s'achète pour une durée déterminée. Elle est donc elle aussi constamment renouvelée. Ainsi, les éléments du capital constant qui ne sont pas capital fixe ont un mode de rotation de leur valeur qui est commun par opposition au capital fixe. Ils s'opposent capital fixe en tant que capital circulant ou courant.
Résumé des points précédents :
- Les différences entre capital fixe et capital circulant résulte de leurs modes de rotation différents de la valeur-capital, qui eux-mêmes résultent de modes différents par lequel le capital productif transfère sa valeur au produit. Une partie est consommée entièrement pendant la formation du produit. Tandis que l'autre n'est employé que progressivement. « Seul le capital productif peut donc se scinder en capital fixe et capital circulant. » Cette opposition n'existe pas pour les deux autres modes d’existence du capital industriel, le capital-marchandise et le capital-argent. Si ces deux formes sont du capital de circulation (par opposition au capital productif), elles ne sont pas du capital circulant par opposition au capital fixe (confusion commise depuis Adam Smith).
- La rotation de l'élément fixe du capital et donc la durée nécessaire de cette rotation, englobent plusieurs rotations des éléments circulants. Il faut qu'une fraction de sa valeur reste engagée sous l'ancienne forme d'usage qui persiste, tandis qu'une autre et mise en circulation par le produit fini.
- « La fraction de valeur du capital productif engagée dans le capital fixe a été avancée en totalité et en une fois pour tout le temps où fonctionnent ceux des moyens de production qui constituent le capital fixe. Cette valeur est donc jetée dans la circulation par le capitaliste d'un seul coup. Mais elle n'est retirée de la circulation que par fractions et graduellement au fur et à mesure que se réalisent ces parties de valeur que le capital fixe ajoute aux marchandises par fraction. » (155) La reconversion de l'argent en moyen de production n'a lieu qu'au terme de la période de fonctionnement de ce moyen quand il est entièrement usé.
- Il existe une différence de nature entre le capital fixe et ses éléments qui sont constamment renouvelés (matière première, matière auxiliaire, force de travail) et ceux qui continuent à fonctionner durant des rotations répétées du capital circulant.
II) Composition, remplacement, réparation, accumulation du capital fixe
L'usure et la parcelle de valeur que le capital fixe cède peu à peu au produit, processus par lequel il perd sa valeur d'usage. Parfois cette usure implique de le remplacer en totalité. Par exemple les moyens de travail vivants (les chevaux sont intégralement remplacés). D'autres moyens sont remplacés périodiquement ou partiellement. Le fonds de réserve accumulé grâce à la fabrication de la valeur, dans laquelle intervient le capital fixe pas immédiatement remplacé, ce fonds de réserve peut servir à étendre l'entreprise ou à perfectionner les machines et ainsi augmenter le rendement. Sur une échelle agrandie, cette reproduction est extensive ; elle est intensive, si c'est le rendement qui augmente. Dans le premier cas, il faut de la place disponible par exemple pour ajouter des bâtiments. Par ailleurs, il faut maintenir le capital fixe en état et donc dépenser pour cela (nettoyage, réparation). Ce travail de conservation compte parmi les frais courants et donc comme élément du capital circulant. Le capitaliste doit aussi s'assurer contre la destruction d'une partie ou de la totalité de son capital par des évènements extraordinaires (incendies, inondations). Cette assurance doit être payée par la plus-value sur laquelle elle vient en déduction. Il faut donc « une surproduction constante, c'est-à-dire une production sur une échelle plus grande que ne le demande le remplacement et la reproduction simple de la richesse existante, pour qu'on dispose des moyens de production suffisants en vue de compenser les destructions extraordinaires que causent des accidents et les forces naturelles. » (164) La fixation de l'usure, ainsi que les frais de réparation, donne lieu à de grandes inégalités, même pour des capitaux de grandeur égales engagés dans des circonstances identiques.
Chapitre IX : La rotation totale du capital avancé. Les cycles de rotation
1) « La rotation totale du capital avancé est la moyenne des rotations de ses divers composants. »
2) « Il est nécessaire de ramener les rotations particulières des diverses fractions du capital fixe à une forme homogène de rotation, de sorte qu'elles ne diffèrent plus que du point de vue quantitatif, c'est-à-dire par la durée. » (169) Pour calculer la rotation totale, il est nécessaire nécessaire de la ramener à la forme argent.
3)
4) Le développement du mode de production capitaliste entraîne le développement du capital fixe, mais sa vie est abrégée par le bouleversement constant des moyens de production « avec sa durée de plusieurs années, ce cycle de rotations reliées entre elles, au cours desquelles le capital est captif de son élément fixe, fournit une base matérielle aux crises périodiques, qui font passer les affaires par des faces successives de stagnation, d'animation moyenne, de précipitation, de crise. » La crise « sert toujours de point de départ un puissant investissement. » Elle fournit donc « une nouvelle base matérielle pour le prochain cycle de rotation. » (171)
5)
6) Le capital utilisé pour le paiement des salaires est celui qui circule le plus vite, notamment si les gens sont payés à la semaine à l'aide des recettes hebdomadaires. Les sommes déboursées pour les matières premières ou les stocks circulent moins vite (plusieurs rotations par an). Le capital placé dans l'outillage et les machines circule encore plus lentement (une seule rotation par an et renouvelé tous les 5 ou 10 ans en moyenne). Le capital déboursé pour les bâtiments (fabrique, magasin, dépôt, hangar, etc.) circule à peine (mais s’use quand même et donc il faut les reproduire).
Chapitre X : Théories sur le capital fixe et le capital courant. Les physiocrates et Adam Smith
Comme la machine est un produit qui circule comme capital–marchandise, elle serait donc non du capital fixe, mais du capital circulant. Cette confusion résulte du fait que « les divers éléments du capital productif ne circulent pas de la même manière avec la différence entre les formes diverses que revêt un même capital, suivant qu’il fonctionne à l'intérieur du procès de production, comme capital, productif ou au contraire, à l'intérieur de la sphère de circulation comme capital de circulation, c'est-à-dire capital-marchandise ou capital–argent. » (179)
Exemple de l'exploitation des mines. L'objet du travail est un produit naturel qu'il faut s'approprier par le travail. Cet objet (cuivre, charbon, or, etc.) ne constitue pas un élément du capital productif. Aucune fraction de la valeur du capital est engagée. Les autres éléments du procès de production, la force de travail et les matières auxiliaires, n'entrent pas matériellement dans le produit. Dans cet exemple, aucun composant du capital productif ne change de mains et aucun ne continue à circuler, puisqu’aucun n’entre matériellement dans le produit. Où est donc ici le capital circulant ? D'après la propre définition d'Adam Smith, tout le capital employé dans une mine de cuivre, ne serait que du capital fixe. La métamorphose purement formelle que le produit, le capital–marchandise, subit dans la sphère de la circulation et qui permet aux marchandises de changer de main est assimilée par lui à la métamorphose physique que les divers éléments du capital productif subissent durant le procès production. Il confond purement et simplement la conversion de la marchandise en argent et de l'argent en marchandise, l'achat et la vente, avec la conversion des éléments de production en produit.
Chapitre XI : Théories sur le capital fixe et le capital circulant. Ricardo
L'économie politique bourgeoise a rabâché aveuglement durant 1 siècle « la confusion commise par Smith, entre les catégories de « capital constant et capital variable » et les catégories « capital fixe et capital circulant ». Pour elle, la fraction de capital déboursée pour le salaire ne se distingue absolument plus de la fraction du capital déboursée pour le salaire ne se distingue absolument plus de la fraction du capital déboursé pour les matières premières, et elle ne se distingue du capital constant que par la forme, suivant quelle est mise en circulation par le produit par fractions ou en entier. Voilà renversée, d'un seul coup, la base nécessaire pour comprendre le mouvement réel de la production capitaliste et par la suite de l'exploitation capitaliste. Il ne s'agit que de la réapparition de valeurs avancées » (203)
Chapitre XII : La période de travail
La période de travail : c'est la totalité du nombre des journées de travail formant un tout qui sont nécessaires pour fournir un produit. Si la besogne n'est pas poursuivie (achevée), les moyens de production et de travail déjà consommés ont été dépensés en pure perte. Et si elle est reprise plus tard, des détériorations ont pu se produire dans l'intervalle. Pendant toute la durée de la période de travail, le capital fixe cède chaque jour au produit une partie de sa valeur jusqu'à son achèvement. Ainsi, les moyens de production continuent à fonctionner pendant plusieurs périodes de travail. Il en est autrement des éléments circulants du capital avancé, comme la force de travail, puisque chaque semaine il faut dépenser un nouveau capital additionnel pour la payer.
« Comme le temps de rotation est égal à la somme du temps de production et du temps de circulation du capital, toute prolongation du temps de production diminue donc la vitesse de rotation au même titre qu'une prolongation du temps de circulation. » (214) Et si le temps s'allonge, la masse des capitaux additionnel avancés croît donc. Toute entreprise demande donc une planification et par exemple ce n'est qu’à titre d'exception qu'un entrepreneur construise sur commande. Il bâtit plutôt des quartiers entiers. « Cela nécessite un accroissement du capital avancé. « Dans la mesure où le crédit permet, accélère et augmente la concentration du capital en une seule main, il contribue à raccourcir la période de travail, et par suite le temps de rotation. » (217)
Chapitre XIII : Le temps de production
Le temps de travail est toujours du temps de production. Mais la réciproque n'est pas vraie. Le temps durant laquelle le capital reste dans le procès de production n'est pas nécessairement du temps de travail. C'est le cas, par exemple quand l'objet de travail est soumis à des processus naturels plus ou moins longs et doit subir des modifications physiques, chimiques, physiologiques durant lesquelles le procès de travail est totalement ou partiellement suspendu (le vin et sa fermentation, la poterie et son séchage, etc.). Le temps de travail est un temps actif nécessitant une action humaine. C'est ainsi, plus particulièrement dans certaines régions du Nord, que le travail aux champs n'est possible qu'une partie de l'année, et donc l'industrie à domicile s'est développée : les paysans sont tisserands, tanneurs, cordonniers, serruriers, etc. C'est donc l'écart entre la période de production et la période de travail qui explique la combinaison de l'agriculture et de l'industrie rurale, laquelle fournit un point d'appui au capitaliste qui « se profile d'abord en qualité de commerçant. » (222) La séparation de ces deux ordres, implique l'assujettissement de l’ouvrier agricole. Une occupation accessoire rend dans sa situation de plus en plus précaire. Dans ces cas-là, « la dépense improductive, mais inévitable, de force de travail compte au même titre que la dépense productive. » (223) Dans certains secteurs, comme la sylviculture, la longue durée du temps de production, qui ne comprend qu'un temps de travail relativement restreint, et donc la longueur des périodes de rotation en font quelque chose de peu propre à l'exploitation privée et capitaliste.
Ainsi, « la différence entre le temps de production et le temps de travail comporte, ainsi que nous l'avons vu, des cas très différents. Le capital circulant peut se trouver dans la période de production avant d'entrer dans le procès de travail proprement dit (fabrication des formes du cordonnier) ; ou bien, il se trouve dans la période de production après avoir traversé le procès de travail, proprement dit (vin, blé de semence) ; ou bien le temps de travail perce, à certains moments, au milieu du temps de production (agriculture, sylviculture) ; une grande partie du produit apte à la circulation, reste incorporée au procès actif de production, tandis qu'une partie bien moindre, entre dans la situation annuelle (sylviculture, élevage) ; la durée plus ou moins longue du temps pour lequel le capital circulant doit être déboursé sous forme de capital virtuellement productif, et par suite la masse plus ou moins grande dans laquelle ce capital doit être déboursé en une fois, découle pour une part de la nature du procès de production (agriculture), et dépend pour une part de la proximité des marchés, etc., bref de circonstances qui appartiennent à la sphère de la circulation. » (228)
Chapitre XIV : Le temps de circulation
Une détection du temps de circulation, la plus décisive, est constituée par le temps de vente, quand le capital se trouve à l'état de capital-marchandise. Une cause qui intervient pour différencier le temps de vente, et par suite le temps de rotation générale, c'est l'éloignement du marché ou la marchandise se vend par rapport à son lieu de production. Se pose donc la question du transport. Ceux-ci se développent quand un lieu de production produit davantage et devient un centre important, et ce développement se fait toujours dans la direction du marché existant. Cette facilité des communications et la rotation plus rapide du capital qui en résulte « provoque une concentration accélérée des centres de production et par ailleurs de leurs débouchés. Cette concentration accélérée, en des points déterminés, de masse d'hommes et de capitaux, s’accompagne de la concentration de ces masses de capitaux dans un petit nombre de mains » (232)
Le temps d'achat qui est le deuxième moment de circulation, quand le capital se reconvertit de la forme monnaie en éléments du capital productif. « Il doit conserver plus ou moins longtemps sa forme de capital–argent ; une certaine fraction du capital total avancée doit donc se trouver en permanence à l'état de capital–argent, bien qu'elle se compose d’éléments variant en cesse », (235) capital-argent nécessaire dans la sphère de la circulation, alors que l'éloignement du marché peut immobiliser la forme du capital–marchandise et retarder la rentrée de l'argent et donc la conversion du capital-argent en capital productif. Selon les sphères de production, il existe des rythmes différents au cours desquels l'argent peut rentrer, même si celui-ci rentre toujours par fractions. Une partie en étant remboursée constamment pour le paiement des salaires. Mais l'autre partie reconvertie en matières premières doit être accumulée pour des périodes assez étendues, comme fonds de réserve.
Chapitre XV : Effet du temps de rotation sur le montant du capital avancé
Si l'on veut que la production ne soit pas interrompue pendant le temps de circulation du capital productif converti en capital–marchandise, mais que l'on ne dispose pour cela d'aucun capital circulant particulier, on ne peut atteindre ce but qu'en réduisant la production, en diminuant l'élément circulant du capital productif en fonction.
I) La période de travail est égale à la période de circulation
II) La période de travail est plus grande que la période de circulation
III) La période de travail est plus petite que la période de circulation
IV) Résultats
V) Effet des variations de prix
Chapitre XVI : La rotation du capital variable
I) Le taux annuel de la plus-value
« Le rapport entre la masse totale de plus-value produite dans l'année et la valeur du capital variable avancée constitue le taux annuel de la plus-value. Il est égal au taux de la plus-value produit pendant une période de rotation par le capital variable avancé, multiplié par le nombre de rotations du capital variable, (nombre identique au nombre de rotations du capital circulant tout entier). » (275) « Seul le capital effectivement employé dans le procès de travail, engendre la plus-value ; à lui seulement s'applique toutes les lois relatives à la plus-value, donc aussi la loi d'après laquelle, le taux étant donné, la masse de la plus-value est déterminée par la grandeur relative du capital variable. » (277) Des circonstances peuvent intervenir qui modifient le rapport entre le capital variable avancé et le capital variable employé. Mais ça n’influe pas sur la production de la plus-value.
La valeur–capital après avoir parcouru les différentes phases de son cycle, revient à son point de départ enrichie de la plus-value. « Ainsi, elle présente le caractère d'une avance faite. » (285) Tout ce cycle de l'avance et de la rentrée constitue la rotation, et sa durée une période de rotation. Une fois achevé, le cycle recommence. S'il a lieu 10 fois dans l'année, le capitaliste n'engage jamais son capital que pour le premier cycle. Le capital garde sa fonction en permanence dans des procès de production répétés.
II) La rotation du capital variable individuel
III) La rotation du capital variable au point de vue social
« Supposons qu'au lieu d'être capitaliste, la société soit communiste : tout d'abord, le capital–argent, disparaît, et avec lui, les déguisements des transactions qui s'imposent grâce à lui. La chose revient simplement à ceci : il faut que la société calcule d'avance la quantité de travail, les moyens de production et de substance qu'elle peut, sans aucun dommage, employer à des entreprises, comme par exemple la construction des chemins de fer, qui, pendant un temps assez long, un an ou même davantage, ne fournissent ni moyens de production ou de subsistance, ni effet utile quelconque, mais enlève à la production annuelle totale du travail des moyens de production et de subsistance. » (292)
Chapitre XVII : La circulation de la plus-value
« Une différence dans la période de rotation engendre une différence dans le taux annuel de la plus-value, même si la masse de plus-value produite dans l'année reste constante. » (297)
On observe une différence entre les entreprises où une partie de la plus-value est employée comme capital, et celles où il faut avancer ou tenir prêt une plus grande partie de capital pour faire fonctionner le procès de production.
Dans la masse énorme de production et de consommation annuelle à l'échelle d'une société, la pincée d'accumulation effective est accaparée par un petit nombre d'individus, qui se sont donc appropriés le produit sans cesse renaissant d'année en année du travail de la grande masse.
I) La reproduction simple
« Dans la reproduction simple, la plus-value produite est réalisée périodiquement en une ou plusieurs rotations par an et consommée à titre individuel, c'est-à-dire, improductif, par son propriétaire, le capitaliste. » (302)
Tout ceci nécessitant la production de monnaie, il faut donc qu’une partie de la force de travail social et des moyens de production soient dépensés chaque année dans la production de l'or et de l'argent. Surtout que ceux-ci doivent être régulièrement remplacés. Le fait qu'une partie de la valeur des marchandises se compose de plus-value, ne modifie pas la masse de l'argent nécessaire. Exemple de cette reproduction simple p. 310-311.
Si le salaire des ouvriers augmente, une plus grande partie du capital social sera employée à produire des moyens de subsistance qui leur sont nécessaires, car le prix des marchandises sera renchéri. Si les ouvriers utilisent cette augmentation pour acheter des produits de luxe, le prix des marchandises « ordinaires » reste le même.
Une loi de la circulation monétaire veut que si la somme des prix des marchandises en circulation augmente, alors la masse de l'argent en circulation augmente aussi. L'augmentation des salaires est alors une conséquence et non la cause) de la hausse des prix des marchandises. Quand se produit une hausse générale du salaire, le prix des marchandises produites monte dans les branches d'industries où domine le capital variable, mais tombe là où prédomine le capital constant.
Le cycle de l'argent constitue par rapport à la circulation de l'argent, un phénomène différent, voire opposé : la circulation exprime simplement qu'en passant d'une main à l'autre, l'argent s'éloigne de plus en plus de son point de départ. Cependant, l'accélération de la rotation implique par le fait même celle de la circulation. Il faut qu'il existe dans le pays, une masse d'argent suffisante pour la circulation (un fonds de réserve). « Telle est la condition préalable exigée par l'histoire. (…) Cette production se développe en même tant que ses conditions, et l'une de ces conditions consiste en un apport suffisant de métaux précieux. C'est pourquoi l'accroissement de cet apport de métaux précieux constitue depuis le XVIe siècle, un facteur essentiel dans l'histoire du développement de la production capitaliste. » (319)
II) L'accumulation et la reproduction élargie
Le capital–argent supplémentaire nécessaire au fonctionnement du capital productif, grandissant est fourni par la plus-value. D'où vient l'argent supplémentaire qui permet de réaliser la plus-value ? « La réponse générale reste la même. La somme des prix de la masse des marchandises en circulation se trouve accrue, non, parce que telle masse de marchandises a augmenté de prix, mais parce que la masse des marchandises actuellement est plus grande que celle qui circulait précédemment, sans qu'il y ait eu au compensation par une chute des prix. L'argent supplémentaire nécessaire à la circulation de cette masse de marchandises plus considérable qui a une plus grande valeur, doit être fourni soit par une économie accentuée de la masse d'argent en circulation - par la compensation des paiements, etc., ou encore par des mesures d'accélération de la circulation des mêmes pièces de monnaie - soit par la transformation de l'argent de sa forme trésor en sa forme circulante. Ce dernier procédé implique que le capital-argent sans emploi jusque-là entre en fonction comme moyen d'achat ou de paiement ou encore que le capital–argent fonctionnant déjà comme fonds de réserve, tout en accomplissant pour son propriétaire la fonction de fonds de réserve, circule activement pour la société (c'est le cas des dépôts bancaires, qui servent continuellement à consentir des prêts) et remplisse donc une double fonction ; mais le procédé implique qu'on économise les fonds de réserve monétaire et stagnants. » (320)
La production monétaire et le crédit sont donc les faux frais nécessaires à la production capitaliste et à son expansion. Le capital-argent virtuel accumulé pour être utilisé plus tard comprend : des dépôts en banque, des titres d’État, des actions.
« Dans le cadre de la production capitaliste, la théorisation comme telle n'est jamais le but, mais le résultat soit d'un arrêt de la circulation - si les masses d'argent qui revêtent la forme de trésor sont plus grandes que d'ordinaire - soit des accumulations occasionnées par la rotation. Ou, enfin, le trésor n'est que la formation d'un capital–argent qui, provisoirement fixé sous une forme virtuelle, est destiné à fonctionner comme capital productif. » (324)
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