De la transmission entre générations
Marcel Rufo, Grands-parents. A à vous de jouer, Anne Carrière, 2012, 203 p.
Il ne s'agit pas d'un livre théorique, mais plutôt un partage d'expériences des moments vécus par le pédopsychiatre avec sa grand-mère, et d'autre part sa projection via des lettres imaginaires à ses futurs petits-enfants sur ce rôle de grand-père. Il situe d'emblée les choses dans la relation entre ces deux générations, puisque vis-à-vis de sa grand-mère, il était « porteur d'espérance pour un avenir qu'elle ne vivrait pas. » (7)
Le rôle principal est bien celui de la transmission, mais il faut néanmoins conserver une part de non-dit afin que l'enfant puisse faire par lui-même ses propres découvertes (75).
Les grands-parents ne sont pas là « pour combler les vides laissés par les parents » ; « ils doivent s'imposer dans une relation égalitaire. Ils n'ont pas à subir les volontés de leurs enfants devenus parents. Ils ont leur style, leur mode de vie et leur plaisir propre » (76), qu'ils partagent avec leurs petits-enfants. Pour être disponible vis-à-vis d’eux, il ne faut pas renoncer à son propre épanouissement personnel.
Comme courroie de transmission, « un des mandats essentiels est de raconter d'où vient la famille » (78) : ils « sont un arbre de vie, ils représentent le passé dont on est issu. » (81) Et ils le font en racontant des histoires de leur enfance.
Dans son activité de pédopsychiatre, il en est même venu à inviter les grands-parents dans la consultation car il tempère souvent l'attitude des parents, ou sont capables d'atténuer un discours d'adolescents fâcheux. « Ils constituent un véritable musée psychologique, car l'évocation de la vie d'un grand-parent peut souvent aider à comprendre le symptôme de l'adolescent. » (84) Car il est vrai que on peut se sentir plus à l’aise avec ses petits-enfants qu'on ne l'a été avec ses enfants. C'est le moment de réfléchir au syndrome de la répétition, ces reproductions parfois pathologiques au niveau de ses propres enfants, afin de ne pas rejouer des situations pénibles. Des récits de vie vis-à-vis des petits-enfants qui « ne sont pas forcément les plus généreuses ou héroïques, mais celle dont on a peut-être même un peu honte. Elles vont leur permettre de se construire. » (104)
Cette complicité entre ces deux générations doivent permettre les confidences y compris sur les actes de désobéissance : celle-ci est d’ailleurs un excellent signe de développement, elle permet d'affirmer sa propre personnalité. On peut ainsi les noter dans un cahier secret, rempli en complicité, cahier qui peut servir de base de discussion afin d' éviter des bêtises plus sérieuses. (112) Il faut aussi montrer que le grand-père n'est pas prêt à tout accepter : « je suis vieux, mais je ne suis pas faible. » (116) Comme le père, il demeure « le roi de la frustration nécessaire. » (Anna Freud)
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