Le fonctionnement du capitalisme (5)

 


Karl Marx, Le capital, Paris : Éd. Sociales, 1975, Livre II, tome 2, 271 p.

Troisième section : La reproduction et la circulation du capital social global 

Chapitre XVIII :  Introduction
I) Objet de l’étude
Le procès de reproduction du capital englobe le procès de production immédiat et les deux phases du procès de circulation. Le cycle complet constitue la rotation du capital. Ce cycle – abstrait – tire sa substance de la totalité des rotations des capitaux individuels.
II) Le rôle du capital-argent
C'est sous cette forme que tout capital individuel entre en scène, donne l'impulsion au procès entier et en est le moteur permanent pour tous les éléments du capital (force de travail, moyen de travail, matériaux, etc.). Ces éléments de production possèdent une « élasticité (…) indépendante de la grandeur du capital-argent avancé » (11) : par exemple, une force de travail ou la matière naturelle peuvent être plus ou moins exploitées et les moyens de production utilisés avec plus ou moins d'efficacité et d'intensité. D'une manière générale, la productivité dépend donc de l'intensité de la force de travail, de son habilité, des méthodes utilisées, de l'avancement des sciences et des techniques, des moyens naturels, etc.
Le besoin de capital-argent est donc conditionné par deux choses : il faut que l'argent arrive pour se transformer en capital productif ; et son volume est rendu nécessaire parce que forces de travail et moyens de production sont retirés de la société pendant un temps, sans qu'il n'y ait de produits convertis en argent. Il faut donc que préalablement le capital ait été socialisé, qu'il y ait une accumulation d'argent pour que celui-ci soit continuellement injecté dans chaque segment de production.

Chapitre XIX : Exposés antérieurs de la question
Il s'agit ici de la reproduction élargie.
I) Les physiocrates 
II) Adam Smith
En regroupant ses idées, il aurait pu aboutir au résultat suivant : 
- « le produit social d'une année se divise en deux sections : la première comprend les moyens de production, la seconde les moyens de consommation, il faut les traiter séparément.
- La valeur totale de la fraction du produit annuel composée de moyens de production se répartit ainsi : une portion de cette valeur n'est que la valeur des moyens de production consommés pour la fabrication de ces moyens de production ; ce n'est donc qu'une valeur-capital qui réapparaît sous une forme renouvelée ; une deuxième portion est égale à la valeur du capital dépensé en force de travail, ou encore à la somme des salaires payés par les capitalistes de cette de production. Une troisième portion de valeur enfin constitue la source des profits des capitalistes industriels de cette catégorie, rente foncière comprise. » (23) Le premier composant est exclu du revenu net, il fonctionne comme capital, jamais comme revenu, et donc, le capital fixe de chaque capitaliste, ne se distingue en rien du capital fixe de la société. Les autres éléments constituent des revenus pour chaque agent (salaire, profit, rente), mais pour la société, ils constituent un capital.
- Car il fonctionne comme tel pour les capitalistes qui produisent directement les biens de consommation.
Une erreur d'Adam Smith, c'est « d'identifier la valeur des produits de l'année et le produit–valeur annuel. Ce dernier est uniquement le produit du travail de l'année écoulée ; la première inclut, en outre, tous les éléments de valeur consommés pour fabriquer la production de l'année, mais produits eux-mêmes dans l'année précédente, ou, pour une part, dans les années d'avant : il s'agit des moyens de production dont la valeur ne fait que réapparaître, et qui, quant à leur valeur, n'ont été ni produits ni reproduits par le travail fourni au cours de la dernière année. » (31)
Quant à la force de travail, dans les mains de l'ouvrier elle est marchandise, et elle constitue pour lui un revenu, tant qu'il peut la vendre, et elle fonctionne comme capital après la vente entre les mains du capitaliste pendant le procès de production. Elle sert donc deux fois : « dans les mains de l'ouvrier, comme marchandise vendue à sa valeur ; dans les mains du capitaliste, qui l’a achetée comme force productrice de valeur et de valeur d'usage. » (35)
Chez Adam Smith, la valeur–marchandise apparaît comme la juxtaposition de différentes sortes de revenus, et ceux-ci sont déterminés indépendamment les uns des autres, et c'est l'addition du volume de leur valeur, qui détermine la valeur totale de la marchandise. N'apparaît donc pas l'idée d'un procès de production. Le travail accompli est en ce sens abstrait et concret : dans sa concretude, on ne voit pas son « statut », lequel pour être vu doit être transformé en un plant abstrait, juridique.
III) Les successeurs d’Adam Smith

Chapitre XX : Reproduction simple 

I) Position de la question 
Le produit annuel englobe les portions du produit social qui remplacent du capital (la reproduction sociale) et les portions utilisées dans la consommation (ouvrière ou capitaliste), donc « à la fois la consommation productive et la consommation individuelle. La reproduction englobe à la fois la reproduction de la classe capitaliste et de la classe ouvrière, et la reproduction du caractère capitaliste de l'ensemble du procès de production. » (46) Mais, « comment le capital consommé dans la production est-il remplacé en valeur par une partie du produit annuel et comment ce processus de remplacement, s’enchevêtre-t-il avec la consommation de la plus-value par le capitaliste et du salaire par l'ouvrier ? » (47) On parle ici de reproduction à l'échelle simple.

II) Les deux secteurs de la production sociale
Le produit total de la société se décompose en : 
- moyens de production (marchandises entrant dans la consommation productive ;
- moyens de consommation (marchandises entrant dans la consommation individuelle). L'ensemble du capital employé dans chacune de ces deux branches forme une grande section particulière du capital social. Celui-ci se décompose en deux parties :
- le capital variable : c'est la valeur de la force de travail sociale employée (cf les salaires) ;
- le capital constant : c'est la valeur de tous les moyens de production utilisés (capital fixe : machine, instrument de travail, bâtiment, animaux, etc. et capital constant circulant : matériaux de production, comme les matières premières, produits semi-finis, etc.).
Le produit annuel total se décompose dans chaque section en : c + v + pl (capital, constant, capital variable avancé, plus-value). Une seule partie du capital constant c est consommée dans la production et transférée dans le produit, car une partie du capital fixe (machines, bâtiments), continue d'exister et de fonctionner comme avant, même si l'usure amoindrit sa valeur.

III) L'échange entre les deux sections : I(v + pl) contre IIc
Règle générale : « L'argent que les capitalistes industriels mettent en circulation pour permettre la circulation de leurs propres marchandises, soit au compte de la portion de capital constant de la marchandise, soit à celui de la plus-value existant dans la marchandise, tant qu'il est dépensé comme revenu, revient entre les mains de ces capitalistes, ils en récupèrent autant qu'ils en ont avancé pour la circulation monétaire. » (55) 
« Il en résulte que, dans le cas de la reproduction simple, la somme de valeur v + pl du capital–marchandise de I (donc une portion correspondant proportionnelle du produit–marchandise total de I aussi) doit être égale au capital constant, qui, lui aussi, constitue une partie proportionnelle du produit–marchandise total de la section II et en est sorti, ou encore I (v + pl) = IIc. » (55)

IV) Les échanges à l'intérieur de la section II. Moyens d’existence nécessaires et objets de luxe
Il y a donc dans ce secteur de la consommation, les subsistances indispensables de la consommation ouvrière rendues telles quelles par « l'habitude », et les moyens de luxe de la classe capitaliste qui ne peuvent « donc être échangés que contre de la plus-value qui n'échoit jamais à l'ouvrier. » (57)
« Chaque crise diminue momentanément la consommation de luxe ; elle ralentit, retarde la reconversion de (IIb) en capital–argent, ne la permet que partiellement et jette ainsi une partie des travailleurs des industries de luxe sur le pavé, tandis que, par là-même, elle bloque et diminue la vente des moyens de consommation nécessaires. » (63) 
La reproduction simple, a, par nature, la consommation pour fin, bien que le désir d'arracher de la plus-value apparaisse comme principe, moteur du capitaliste individuel, mais la plus-value – quelle que soit sa grandeur relative – ne doit en définitive servir ici qu'à la consommation individuelle du capitaliste. Dans la mesure où la reproduction simple est une partie, et la plus importante, de toute reproduction annuelle à l'échelle élargie, ce mobile va de pair avec celui de l'enrichissement en tant que tel, et en même temps s'y oppose. L'affaire, en réalité, paraît plus complexe, parce que des participants au partage du butin – la plus-value du capitaliste –apparaissent sous l'aspect de consommateurs ne dépendant pas de ce capitaliste. » (64)

V) La réalisation des échanges par la circulation monétaire
Au départ du processus, le capitaliste injecte de l'argent pour acheter des moyens de consommation ou des éléments de son capital productif. Il a donc ici à faire face au capital commercial (le marchand qui ne fabrique pas de marchandises) ou au capital financier qui l'épaule dans ce processus. La division de la plus-value en diverses catégories (propriétaire foncier, usurier, gouvernement, etc.) avec des partenaires qui reçoivent chacun leur part, mais laquelle n'est possible que grâce au processus de production.

VI) Le capital constant de la section I

VII) Capital Variable et plus-value dans les deux sections
La somme du produit social de I et II, moyens de consommation et moyens de production est de la valeur d'usage comme produit du travail d'une année. Mais elle est considérée comme créateur de valeur (abstraite) à un autre niveau. « Les moyens de production n'ont pu se transformer en un nouveau produit, (…)  que grâce au travail, qui leur a été ajouté, au travail, vivant qui les utilise. Mais réciproquement aussi, sans moyens de production indépendants de lui, sans moyens de travail et matières de production, le travail de cette année n'aurait pu se transformer en produits. » (80)

VIII) Le capital constant dans les deux sections
Ici on a affaire au capitaliste collectif. « le capital global apparaît comme le capital par actions de tous les capitalistes individuels pris ensemble. (…) Chacun sait ce qu'il y met, mais non ce qui en retirera. » (84)

IX) Coup d'œil rétrospectif sur Adam Smith, Storch et Ramsay

X) Capital et revenu : capital variable et salaire
La valeur d'une année nouvelle provient du transfert de moyens de production des années antérieures au produit de l'année en cours, et donc concourt à la production du capital constant (et non pas en revenu ou plus-value). Il s'agit donc de bien préciser ce qu'est le capital variable : il fait fonction de capital entre les mains du capitaliste et de revenu pour le salarié. Dans les mains du premier, il existe sous forme de capital–argent et sert à acheter la force de travail. À ce stade il est une valeur d'une grandeur constante et non variable. C'est un capital variable en puissance seulement grâce à son aptitude à se convertir en force de travail. Cet argent qui fait fonction de capital variable pour le capitaliste devient salaire pour l'ouvrier. L'argent passe donc de la main de l'un à l'autre. « Ce n'est pas le capital variable qui assume ces deux fonctions, à savoir d'être capital pour le capitaliste et revenu pour l'ouvrier, mais c'est le même argent qui, dans la main du capitaliste, existe d'abord comme forme argent de son capital variable, donc comme capital variable en puissance ; puis, dès que le capitaliste l’a converti en force de travail, il est dans les mains de l'ouvrier, l'équivalent de sa force de travail vendue. » (90)
Dans ce processus, « le capitaliste I tient constamment entre ses mains le capital variable : 1. D'abord, comme capital–argent ; 2. Ensuite, comme élément de son capital productif ; 3. Puis, plus tard, comme portion de valeur de son capital-marchandise, par conséquent en valeur–marchandise ; 4. Enfin, comme argent qui affronte à nouveau la force de travail, en quoi il peut se convertir. Pendant le procès de travail, le capitaliste détient dans sa main le capital variable sous forme de force de travail active et créatrice de valeur ; mais celui-ci ne représente pas une valeur d'une grandeur donnée. Comme le capitaliste ne paie toutefois l'ouvrier que lorsque sa force a déjà opéré pendant un temps plus ou moins long, il détient déjà, avant de la payer, la valeur de remplacement, créée en échange par cette force, augmentée de la plus-value. » (97)

XI) Le remplacement du capital fixe
De manière constante, le capitaliste doit provisionner, afin de pouvoir remplacer le capital fixe : une partie du capital constant apparaît passagèrement comme du capital-argent « ayant suspendu sa fonction active. Il ne s'agit pas d'un capital–revenu, mais d'un capital productif figé sous forme argent. » (99) Cette « précipitation d'argent se répète jusqu'à ce que la période de reproduction (…) se soit écoulée. » (100) Une thésaurisation qui est donc un élément du procès de reproduction capitaliste.
Dans ce circuit global (II) les différents capitaux des différentes branches ont donc « un âge différent ». (102)
Dans le cas de la reproduction simple, si on ne suppose pas une proportion constante entre le capital fixe disparaissant (à renouveler) et le capital fixe continuant à fonctionner, deux cas se présentent : « ou la masse des éléments circulant à reproduire restera la même alors que la masse des éléments fixes à reproduire aura augmenté : la production totale de I devra donc augmenter, ou bien, il y aura un déficit dans la reproduction même si l'on fait abstraction des conditions monétaires.  Ou bien, la grandeur relative du capital fixe II à reproduire en nature diminuera, ce qui entraînera une augmentation proportionnelle de la partie du capital fixe II qui ne peut plus être remplacée qu'en argent : la masse des composants circulants du capital constant II, reproduits par I, demeurera constante, tandis que celle du capital fixe à reproduire aura diminué. Donc, il y aura ou bien une diminution dans la production totale de I, ou un excédent. » (116) 
Si la productivité augmente en I, il y aura dépréciation du produit car il y aurait plus de valeur à échanger contre II. Et c'est l'inverse qui se produit quand on diminue la production de I, ce qui signifie la crise pour les travailleurs et les capitalistes, ou lorsqu'il fournit un excédent (= surproduction, c'est un problème seulement dans le mode de production capitaliste). Le commerce extérieur ne peut être une réponse car il ne fait qu'étendre les contradictions à une sphère plus vaste.
« La forme capitaliste de la reproduction une fois abolie, le problème se ramène à ceci : la grandeur de la fraction du capital fixe qui disparaît et qui doit donc être reproduite en nature (il s'agit ici de la fraction servant à la production de moyens de consommation) change d'année en année. Si elle est très grande, une certaine année (au-dessus de la mortalité moyenne comme pour les hommes), elle est certainement d'autant plus petite l'année suivante. La masse de matières premières, de produits semi-finis et de matériaux auxiliaires, nécessaires pour la production annuelle des articles de consommation – toutes choses restant égales d'ailleurs – ne diminue pas pour autant : la production totale des moyens de production devrait donc augmenter dans un cas et diminuer dans l'autre. On ne peut remédier à cela que par une surproduction relative, continuelle ; il faut, d'une part, une certaine quantité de capital fixe qui produit davantage qu'il n'est directement nécessaire, d'autre part et surtout, une provision de matières premières, etc., dépassant les besoins immédiats. Ceci vaut surtout pour les moyens de subsistance. Une telle sorte de surproduction équivaut au contrôle de la société sur les moyens matériel de sa propre reproduction. Mais, dans le cadre de la société capitaliste, elle est un élément d'anarchie. L'exemple du capital fixe, qui vient d'être étudié dans une reproduction à échelle constante, est frappant. Un des arguments favorits des économistes pour expliquer les crises est le déséquilibre dans la production du capital fixe et du capital circulant. Ils ne comprennent pas qu'un tel déséquilibre peut et doit se produire par le simple maintien du capital fixe ; qu'il peut et doit se produire dans l'hypothèse d'une production normale idéale, lorsqu'il y a reproduction simple du capital social déjà en fonction. » (116-117)

XII) La reproduction de la matière monétaire
Il faut traiter l’or comme un élément direct de la reproduction annuelle et non comme quelque chose d'importé du dehors. Toute affaire produisant de l'or, commence par acheter la force de travail avec une fraction du numéraire dont on dispose le pays. Avec cet argent les ouvriers achètent des moyens de consommation à II lequel consacre cet argent à l'achat de moyens de production à I.
Cette circulation du capital se fait sur plusieurs années. L'apport initial est transformé progressivement en argent au cours de plusieurs années par la vente du produit annuel. Le capitaliste jette d'abord dans la circulation plus d'argent qu'il n'en retire. Et cela se répète à chaque fois que le capital total est renouvelé en nature. Mais des tas de choses circulent qui n'ont pas été produites au cours de l'année : des terrains, des immeubles, etc. ou des produits, dont la période de production s'étend sur plus d'un an : bétail, bois, vin, etc. Il existe donc toujours une certaine quantité d'argent en attente, inactive, susceptible d'entrer en fonction. La valeur de tels produits circule souvent par degrés et fragmentairement. Exemple du loyer. La masse d'argent ainsi circulant a été accumulée petit à petit. Dans le cas d'une production capitaliste développée, le capital–argent joue le rôle principal, car c'est ainsi qu'est avancé le capital variable. « Dans la mesure où le système du salariat se développe, tout produit se transforme en marchandise et doit, par conséquent, passer tout entier par la conversion en argent comme phase de son mouvement. » (125)

 La théorie de la reproduction de Destutt de Tracy 

Chapitre XXI : Accumulation et reproduction élargie 
 Le principe de base de l'élargissement : pour un capitaliste pris isolément, le capital-marchandise dégage une plus-value, laquelle est transformée en argent, puis reconvertie en éléments de son capital productif. Ainsi, au cours du cycle de production suivant le capital agrandi fournit une production plus grande. Ce mécanisme individuel doit se manifester pour l'ensemble de la production annuelle.

I) Accumulation dans la section I 
 Thésaurisation : pendant que certains capitalistes achètent des moyens de production avec la conversion de la plus-value, d'autres « sont encore occupés à la thésaurisation de leur capital–argent potentiel. Les deux capitalistes appartenant à ces deux catégories, s'affrontent donc, les uns comme acheteurs, les autres comme vendeurs, chacun se limitant exclusivement à son rôle. » (139) Le capitaliste retire de la circulation l'argent obtenu par la vente du surproduit et le confisque. La quantité d'argent existant donc dans la société est toujours plus grande que sa fraction impliquée dans la circulation active. Il existe le cas particulier de l'argent qui fait de l'argent grâce aux intérêts dans le cadre du système de crédit.
Les mouvements entre offre de force de travail en I, reconversion d'une fraction du capital–marchandise en forme argent, remplacement d'une fraction du capital–marchandise par des éléments naturels du capital constant en II, sont un procès compliqué, incluant « trois procès de circulation indépendants les uns des autres et s’enchevêtrant cependant. » (142)
Le capital constant additionnel : le surproduit porteur de la plus-value ne coûte rien à ceux qui se l'approprient, c'est-à-dire aux capitalistes de I. Sa vente répétée fournit aux capitalistes le capital–argent additionnel. Ce surplus issu du surtravail « au lieu d'être dépensé en moyen de production servant à fabriquer des moyens de consommation, il l’a été en moyens de production servant à fabriquer des moyens de production. » Dans la reproduction simple, la plus-value I est dépensée comme revenu en marchandises II, et sert à remplacer le capital constant IIc. Dans la reproduction élargie, la production dans la section I doit être capable de fabriquer moins d'éléments de capital constant pour II, mais d'autant plus pour I. Ainsi, plus est grand le capital productif en fonction dans un pays, plus est développée la force productive du travail, et par conséquent les moyens techniques d'une extension rapide de la production des moyens de production.


 Le capital variable additionnel : on présuppose que la fraction du capital–argent nouvellement constituée, transformable en capital variable, trouvera toujours la force de travail en laquelle elle doit se convertir.

II) Accumulation dans le secteur II
Une fraction de la plus-value est dépensée comme revenu et une autre est convertie en capital. « Ce n'est qu'à cette condition qu'une accumulation réelle peut avoir lieu. » (149)

III) Représentation schématique de l’accumulation
Il n'existe pas d'accumulation sectorisée, l'élargissement de la production suppose l'accumulation en chaîne.

Annexe n°4 : Lénine : le développement du capitalisme en Russie (extraits)

La théorie de Marx est constituée par deux thèses : premièrement : l'ensemble du produit d'un pays capitaliste, de même que chaque produit isolé, se compose des trois parties suivantes : le capital constant ; le capital variable ; la plus-value. Deuxièmement, il est nécessaire de distinguer deux grandes sections dans la production capitaliste ; à savoir la section I, avec la production des moyens de production des objets qui servent à la consommation productive, c'est-à-dire qui sont destinés à la production et qui sont consommés non par les hommes mais par le capital ; et la section II, la production des moyens de consommation c'est-à-dire des objets destinés à la consommation individuelle.
Cette distinction de la forme du produit est nécessaire dès lors que l'on analyse la reproduction du capital social et non plus la production et la reproduction du capital individuel où on examine simplement la question de la valeur des différents éléments de la production et celle du résultat. Ici, dans le cas de la reproduction, la question est de savoir où les ouvriers et les capitalistes prennent les objets nécessaires à leur consommation, où les capitaliste prennent les moyens de production, comment le produit fabriqué peut couvrir toutes les demandes et permettre l'élargissement de la production. « Par conséquent, nous avons affaire ici, non seulement à la substitution de la valeur, mais également au remplacement de la forme naturelle du produit, et c'est pourquoi, il est absolument nécessaire de distinguer entre les produits qui jouent un rôle absolument différent dans le procès de l'économie sociale. » (199)
« Dans la reproduction simple, les parties échangées doivent être égales entre elles : la somme du capital variable et de la plus-value existant dans les moyens de production doit être égale au capital constant existant dans les objets de consommation. Par contre, une reproduction à échelle élargie, c'est-à-dire si l’on suppose l'accumulation, la première grandeur doit être supérieure à la seconde, car il doit y avoir un accédant des moyens de production afin de permettre la nouvelle production. » (200) « La section de la production sociale qui fabrique les moyens de production doit donc grandir plus vite que celle qui fabrique les objets de consommation. » (201)
« Cet élargissement de la production sans élargissement correspondant de la consommation, correspond justement à la mission historique du capitalisme et à sa structure sociale spécifique : la première consiste dans le développement des forces productives de la société ; la seconde exclut l'utilisation de ces conquêtes techniques par la masse de la population. Entre la tendance illimitée à l'élargissement de la production propre au capitalisme et la consommation limitée des masses populaires (limitée en raison de leur situation de prolétaires), il existe une contradiction indéniable. » (203)
« La nécessité du marché extérieur pour un pays capitaliste n'est pas du tout déterminée par les lois de la réalisation du produit social (et de la plus-value en particulier), mais, en premier lieu, par le fait que le capitalisme n'est que le résultat d'une circulation marchande longuement développée qui dépasse les limites d'un Etat. » (205)
Si les modes précapitalistes de production sont caractérisés par la répétition, la loi de production capitaliste est quant à elle marquée par « la transformation constante des modes de production et l'accroissement illimitée de l'échelle de la production. » En cela il existe un « travail historiquement progressif du capitalisme, qui détruit l'isolement, le caractère fermé de jadis des systèmes économiques (et par voie de conséquence, l’étroitesse de la vie intellectuelle et politique) et qui réunit tous les pays du monde en un seul tout économique. » (206) Ce travail d'expansion, passe par la colonisation, dont les caractéristiques sont : l'existence de terres libres non occupées et qui peuvent facilement se prêter au peuplement ; l'existence d'une division du travail à échelle mondiale, d'un marché mondial grâce auxquels les colonies peuvent se spécialiser dans la production massive de produits recevant en échange les articles industriels fabriqués ailleurs.

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