Mathieu Lindon : Les hommes tremblent

 


Mathieu Lindon, Les hommes tremblent, POL, 2014, 170 p. 

C’est comme un conte réaliste si on ose le paradoxe. Réalité car il s’agit d’un petit théâtre de la vie quotidienne d’un immeuble avec la diversité sociale, générationnelle, sexuée et sexuelle de ses habitants. Conte car si la situation initiale de squatt du hall par un SDF – Martin – bientôt secondé de sa copine – Martine – est possible, en revanche son enkystement et le déroulé des micros événements l’est beaucoup moins. Conte moral donc car il s’agit de décrire par le menu toutes les bassesses humaines mais aussi quelques uns de ses élans de générosité. L’auteur est extérieur à la scène, il ne prend pas parti, et joue même avec son lecteur : « Il y aurait tout un roman à écrire sur les liens de Martin avec les policiers, mais certes pas un roman policier. » (76) Que faire des intrus, là est la question. « Par la solidarité ou l'hostilité, il faut les amadouer, au moins les forcer à se tenir à carreaux. » (143) Des intrus tour à tour immondes de crasse et de comportements désagréables, puis moralistes philosophes. Des intrus qui renvoient aux gens « établis » la fragilité de leur propre existence comme cet habitant privé de l’usage de ses jambes qui doit compter sur Martin pour le « monter » à son appartement. On sourit parfois à la lecture de ce théâtre grinçant…

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