Le travail à l'usine
Joseph Ponthus, À la ligne : feuillets d'usine, Gallimard, 2020, 266 p.
Autofiction de la part d'un homme qui abandonne son métier d'éducateur pour suivre son amoureuse et vivre en Bretagne. Ce qui l'amène à enchaîner les boulots d’intérimaires en usines agroalimentaires. Ce sont ces emplois qui sont ici décrits dans une forme originale : phrases sans point, recherche poétique, phrases courtes, mots qui pèsent aussi lourds que l'existence. On serait tenter de lire vite, alors qu'il faut s'arrêter sur les mots eux-même évocateurs de situations, d'ambiances, de relations, de réflexions, d'états-d'âmes, etc. Il y a un rapport aux autres :
les collègues plus évoqués que réellement présents faute de temps pour parler et du coup la solidarité ouvrière n'apparaît pas comme fondamentale. S'y décrit en creux des formes d’individualisation de la peine.
La mère : à qui l'on pense, à qui on téléphone, qui souffre elle aussi, d'un cancer.
La compagne : associée aux rares moments positifs du récit.
Il y a un rapport au temps : difficile à apprivoiser car la chaine le dicte, comme à cette ouvrière qui « n'a pas eu le temps de chanter » tellement elle était prise par le travail. Et le week-end aussi. Là, pourtant, l'auteur vole du temps à son repos et son amour, pour écrire.
Il y a un rapport à la matière animale : crevette, poissons, viande, rapport déshumanisant, car travail répétitif, monotone.
C'est par la langue poétique que l'auteur donne finalement un supplément d'âme à une vie qui pourrait bien en être dépourvue. Un récit qui convoque Apollinaire, Trenet, Braudel...
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