Victor Hugo : Quatrevingt-treize

 




Victor Hugo, Quatrevingt-treize, Gallimard-Folio, 1979, 533 p.


« C'est que c'est tout de même un véritable massacre pour l'entendement d'un Honnête homme répliqua le grenadier, que de voir des des iroquois de la Chine qui ont eu leur beau-père estropié par le seigneur, leur grand-père galérien par le curé et leur père perdu par le roi et qui se battent, nom d'un petit bonhomme ! Et qui se fichent en révolte et qui se font écrabouiller pour le seigneur, le curé et le roi. » (41)

Au paysan qui le protège, le marquis de Lantenac lui dit : « mais il n'est pas nécessaire que tu comprennes cela. » (99)

« J'ai vu que vous étiez hors-la-loi. Qu'est-ce que c'est cela, la loi ? On peut donc être dehors. Je ne comprends pas. Quant à moi, suis-je dans la loi ? Je n'en sais rien. Mourir de faim, est-ce être dans la loi ? » (117)

Sur la politique et l'auto exclusion non synonyme d'infériorité : « et puis il y a des choses qui se passent encore plus haut, le soleil qui se lève, la lune qui augmente ou diminue, c'est de celles-là que je m'occupe. » (119)

« Je vous voyais, moi. De mendiant à passant, le regard n'est pas le même. » (121)

Chaque année un progrès : 1789 : la chute de la Bastille (la fin du supplice des peuples) ; 1790 : le 19 juin la fin de la féodalité ; 1791 : Varennes, la fin de la royauté ; 1792 : l'avènement de la république.

« Le besoin public de violence qui est le côté redoutable mystérieux des révolutions. » (155)

Les profiteurs manipulateurs de la révolution : Palloy (architecte) exploite la démolition de la Bastille. Gonchon orateur du faubourg Saint-Antoine enrichi. Fournier payé par Lafayette pour tirer sur ce dernier, etc. (154-155)

« La guerre étrangère, c'est une écorchure qu'on a au coude ; la guerre civile c'est l'ulcère qui vous mange le foie. » (164) Hugo fait parler Robespierre.

« Savoir distinguer le mouvement qui vient des convoitises, du mouvement qui vient des principes, combattre l'un pour seconder l'autre, c'est là le génie et la vertu des grandes révolutions. » (182)

« Il y a l'Himalaya et il y a la convention. La Convention est peut-être le point culminant de l'histoire ? » (192)

Sieyès s'était arrêté au Tiers Etat, et n'avait pas pu monter jusqu'au peuple. Donc certains esprits sont faits pour rester à mi-côte. »

« Les bas-fonds de l'assemblée s'appelait la Plaine (…). La Montagne c'était une élite ; La Gironde c'était une élite ; La Plaine, c'était la foule. Les cuves les plus généreuses ont leur hic. Au-dessous même de la Plaine il y avait le Marais. » (207)

« La grandeur de la Convention fut de chercher la quantité de réel qui est dans ce que les hommes appellent l'impossible. » (209)

Révolution : deux versants, avec la montée (Condorcet un homme de rêverie) et descente (Robespierre un homme d'exécution, d'extermination, dans les crises finales).

« Être membre de la Convention c'était être une vague de l'océan. Et ceci était vrai des plus grands. La force d'impulsion venait d'en haut. Il y avait dans la Convention une volonté qui était celle de tous et n'était celle de personne. Cette volonté était une idée, idée indomptable et démesurée qui soufflait dans l'ombre du haut du ciel. Nous appelons cela la révolution. (…) Imputer la révolution aux hommes, c'est imputer la marée aux flots. » (219)

« La convention a toujours ployé ou vent ; mais ce vent sortait de la bouche du peuple et c'était le souffle de Dieu. » (220)

Oeuvres de la convention :

Elu promulgue cet axiome : La liberté du citoyen finit où la liberté d'un autre citoyen commence.

Infirmes : pupille de la Nation.

Indigence sacrée.

Filles-mères sacrées : aides.

Orphelin sacré, adopté par la patrie.

Innocence sacrée : indemnisation.

Abolition de l'esclavage.

Solidarité civique.

Instruction gratuite.

Organisation de l'éducation nationale par l'école normale à Paris, l'école centrale dans le chef-lieu, l'école primaire dans la commune.

Création de conservatoires et de musées.

Unité de codes, de poids, mesure, de calcul.

Fondation des finances de la France et du crédit public.

Télégraphe.

Hospices pour vieux, hôpitaux.

École polytechnique.

11 200 décrets.

« L'histoire et la légende ont le même but, peindre sous l'homme momentané l'homme éternel. » (232)

« Les idées générales haïes par les idées partielles c'est là la lutte même du progrès. Pays, patrie, ces deux mots résument toutes les guerres de Vendée ; querelle de l'idée locale contre l'idée universelle ; paysans contre patriotes » (249) ou « guerre de l'esprit local contre l'esprit national. »

« Dans les villes et dans les gros bourg, nous sommes pour la révolution, dans la campagne ils sont contre ; autant dire que dans les villes on est français et dans les villages on est Breton. C'est une guerre de bourgeois à paysans. Il nous appelle Patauds, nous les appelons Rustauds. Les nobles, les prêtres sont avec eux. » (un hôte, 256)

« Dans le triomphe qui s'ébauchait, deux forme de république étaient en présence, la république de la terreur et la république de la clémence, l'une voulant vaincre par la rigueur et l'autre par la douceur. » (289) = Cimourdain  et Gauvain 

« La révolution c'est l'avènement du peuple ; et, au fond, le peuple c'est l'homme. » (435)

Cimourdain : « La république de l'absolu » (466) = la loi, le nivellement, aucune déviation

Gauvain : La république de l'idéal = l'amour, l'harmonie.

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