Éric Reinhardt : Comédies françaises

 


Éric Reinhardt, Comédies françaises, Gallimard, 2020, 348 p.

Ce qui s'apparente à une forme brillante mettant en correspondance la grande histoire et celle d'un personnage soit-disant ordinaire apparaît finalement comme artificiel, forcé, et démonstratif. D'abord le personnage central, Dimitri,

appartient à la petite bourgeoisie comme la plupart du temps dans la littérature française contemporaine. Peut-être ne parle t-on que de ce qu'on connaît... mais de fait il nous apparaît comme peu inspiré et peu inspirant : brillantes études, emplois successifs à des postes de responsabilité dont du lobbying, amours sexuellement variés... Suivre sa vie est un prétexte pour insérer des développements sur des faits avérés et montrer en passant la culture de l'auteur, sa conscience sociale et politique, etc. Par exemple des recherches sur :

  • la peinture moderne (américaine promue par la CIA pendant la guerre froide comme moyen de lutte contre le réalisme socialiste ainsi ringardisé);

  • sur les origines d'internet qui n'aurait pas échappé à la France sans l'intervention d'Ambroise Roux auprès de Giscard, les classes possédantes montrant ici contre leur discours qu'elles sont plus attachées à faire fructifier leur patrimoine personnel que préoccupées par la grandeur de leur pays.

Cette prétention sans doute néo-réaliste avec la manie de rehausser la valeur du livre en faisant intervenir des personnages publics est intéressante mais est détachée d'une véritable histoire romanesque. On retrouve les artifices de la littérature contemporaine visibles notamment chez Houellebecq à vouloir parler société et politique, mais sans le talent du susnommé. La forme est incomplète, le style du coup n'est pas assez fluide. Certes, on assiste à situations cocasses mais ça vient comme une recette de cuisine (faire sourire de temps en temps) ou encore d'une autre façon les scènes de sexe. Bref ça manque de liant partout y compris au sein des dialogues mal menés.

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