François Roux, Le Bonheur National Brut, Albin Michel (LGF), 2014, 764 p., (juil 2016)

Un gros roman suivant quatre copains sur une grande durée à travers leurs pérégrinations personnelles ainsi que leur interactions. Si ça peut paraître convenu et très « filmique », il n'en demeure pas moins que c'est un livre agréable. Les personnages sont choisis dans leur diversité sociale, politique :

Paul fils de gynécologue conservateur, qui s'affranchit de la tutelle familiale en partant pour Paris et en devenant comédien. Est homosexuel.

Tanguy fils d'entrepreneur décédé mais dont la mère a repris l'affaire aidée par ses enfants, fait des études brillantes et navigue dans les hautes sphères économiques pour finalement revenir dans l’entreprise familiale ; vote à droite.

Rodolphe fils d'ouvrier communiste avec lequel il a des relations conflictuelles puis apaisées, militant au PS dès sa jeunesse et en devient un de ses cadres, se marie à une fille de grand bourgeois, lequel se révélera une crapule.

Benoît fils de paysan (en fait orphelin élevé par) est le seul de la bande à louper son bac, et devient en autodidacte photographe célèbre.

On découvre donc la bande en 1981 alors qu'ils passent leur bac et qu'ils s'intéressent de près à l'élection présidentielle : leurs joies, leurs virées, leurs vacances, leur sexualité, leurs amours, leurs goûts musicaux, leurs études, leurs insertions professionnelles, leurs fâcheries aussi. Puis on les retrouve 25 ans plus tard avec des problématiques qui ont évolué : les enthousiasmes de jeunesse ont fait place à pas mal de douleurs de tous ordres, et d'ailleurs Rodolphe meurt accidentellement à la fin. Livre intéressant car l'auteur restitue le paysage économique et social (la montée du chômage) et politique (les batailles électorales) de ce quart de siècle. Même si c'est fait de manière parfois un peu scolaire, ça donne un cadre fiable au récit lequel est alerte grâce aux nombreuses situations dialoguées. Avec en perspectives la question du bonheur, qui passe par la réussite sociale (on se fout de l'argent quand on a énormément, cf p. 107), et qui devient progressivement un but « raisonnable » (p. 476), et même une « arnaque (762). Idéal pour une adaptation au cinéma.

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