Les transformations de la société française après la deuxième guerre mondiale

 

Jean-Pierre Le Goff, La France d'hier : récit d'un monde adolescent : des années 1950 à mai 68, Stock, 2018, 460 p.

Regard ethno-historique sur la période d'après guerre en milieu populaire en Normandie qui rappelle à certains égard le témoignage de R. Hoggart. Les valeurs et principes à l’œuvre sont : l'usage des maximes, dictons, habitudes qui viennent des siècles précédent et qui régissent les vies sur le mode de la solidarité, de la morale, de la joie de vivre mais aussi des préjugés, de l’égoïsme, des brimades, des violences et des humiliations. Un univers où la consommation n'est pas encore présente comme fin en soi. Exemple de maximes : ne pas mettre le pain à l'envers car « on ne gagne pas son pain en étant couché sur le dos » (cf prostitution). Préjugés par rapport à l’apparence physique (cf les roux). Morale ascétique : bien faire (son travail ou autre) impliquant un code de l'honneur et donc des modes de reconnaissance locale associés. Rudesse des sentiments : affection peu exprimée, surtout d'homme à homme. Éducation avec dressage voire maltraitance et même humiliation (y compris à l'école), et soumission à la parole des maîtres. Dans l'éducation, différence entre gars et filles, celles-ci font moins d'études. Dans cet univers la messe comme moment où on côtoie le beau voire le merveilleux comme aujourd'hui la télévision pour les jeunes (cf p. 75-76)

« Vous pouvez venir quand vous voulez, je suis toujours là, je ne bouge pas. » Cette phrase résume à elle toute seule l'univers qui est fuit, ou tout au moins le peu d'attrait pour la modernité. Il y a là un basculement de l'histoire française et mondiale : « récemment les aînés pouvaient encore dire « vous savez, j'ai été jeune, mais vous, vous n'avez pas été vieux. » Aujourd'hui, les jeunes gens peuvent répondre « vous n'avez jamais été jeunes dans le monde où, moi, je suis jeune, et vous ne le serez jamais. » (M. Mead, le fossé des générations, cité p. 166).

La culture jeune qui émerge vers les années 1960 est ambivalente : contestataire du mode de vie existant, elle est intégrante du nouveau monde avec la consommation de masse qui émerge, ou, sur un autre plan, contestation portant des valeurs modernistes et de progrès en ayant peur de lui (cf le nucléaire).