Quelques stratégies de milliardaires

 


Catherine Le Gall & Denis Robert, Les Prédateurs. Des milliardaires contre les États, Le Cherche-Midi, 2018, 300 p.


Entre 2014 un ancien inspecteur des impôts montrait que la femme de ménage d'Albert Frère payait plus d'impôts (4140 €) que les deux holdings de son patron (152 €). (25)

Autres chiffres : la fête d'anniversaire concoctée par Paul Desmarais pour sa femme coûte entre 12 et 14 millions de dollars canadiens en frais de bouche et de décor en 2011. (28)

L'enquête porte sur le rachat par la caisse des dépôts et consignations de la chaîne de fast-food Quick appartenant au milliardaire belge Albert Frère : en quoi les hamburgers sont-ils d'utilité publique ? Quel était son intérêt d'acheter cette entreprise trop chère (760 millions d'euros) ?

L'enquête passe par le témoignage de Jean-Marie Kuhn un entrepreneur qui a fait des affaires dans l'immobilier et la pharmacie. Albert Frère lui a vendu la marque Disport. Le problème vient de ce que les magasins en question n'avaient plus aucun stock quand Kuhn en a pris possession. L'entrepreneur s'est fait rouler dans la farine, et il continuera de se faire arnaquer dans la suite de cette affaire, ce qui le poussera à vouloir se venger.

Le but de ce livre est de montrer que l'argent du milliardaire en question est aussi un peu (beaucoup) de l'argent public. (45)

Ces stratégies de captation du patrimoine public sont récurrentes. Il en va ainsi avec la privatisation du gaz ce qui n'est pas sans effet sur le prix pour le consommateur. Contrairement à ce qui avait été annoncé, celui-ci a augmenté entre 80 et 110 % selon les méthodes de calcul. De plus, le service de recouvrement d'Engie est probablement l'un des plus agressifs. « Les dirigeants d'Engie et les politiques ont réussi le tour de force quelques mois après la fusion, d'indexer le prix du gaz sur celui du pétrole. Alors que les deux sources d'énergie n'ont rien de commun. » (127) Cela profite bien entendu aux actionnaires de Suez, dont Albert frère et Paul Desmarais.

Revenons à Quick. Comment une société qui ne valait que 300 millions en 2004 peut-elle être vendue 760 millions en 2006 ? Il fallait créer de la valeur là où il n'y en avait pas. (156) « Se pourrait-il que les dirigeants de la caisse, et plus particulièrement ceux de sa filiale financière, aient accepté d'acheter Quick plus cher que sa valeur en toute connaissance de cause ? » (165) Il s'agissait incorporer dans son prix d'achat la valeur de la filiale française et celle des biens immobiliers qui seraient vendus après le deal.

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