L'homme et la société
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts, Flammarion, 1955
Introduction
Sciences et arts : mythologie des lumières. Oppositions classiques sciences/Vertu.
Dénoncer la certitude, la vanité et le danger moral de connaissance illusoire, alors que le vieux scepticisme chrétien avait été battu en brèche par la foi dans le progrès.
Les arts selon Rousseau : artifice de politesse mondaine, technique pourvoyeuse de luxe et de mollesse, beaux-arts préférant le joli au sublime.
Question : les hommes étaient-ils à l'origine innocents et vertueux, et ont-ils été corrompus par les sciences et les arts, où sont-ils pervers et donc les arts et sciences viennent de nos vices ?
Si Rousseau condamne les arts c'est parce qu'ils détruisent la communauté des hommes, ôtent à l'homme sa vertu (= dévouement de l'homme à ses semblables).
Généalogie ou mécanisme de cette dégradation (19) : inégalité ==> Riches ==> Luxe ==> Oisiveté : beaux arts, sciences.
Valorisation du sauvage (21) : l'homme est naturellement bon, la société développée pourvoyeuse de vices.
= Séparation de la nature (pas de loi) et de l'histoire (obéit à des lois) : l'homme fait l'histoire : réforme, révolution.
Question : comment s'est jouée cette séparation entre nature et histoire ? Par l'extension du genre humain et donc le besoin croissant de dominer la nature pour satisfaire ses besoins. Cela entraîne de nouvelles formes de vie sociale qui vont créer le vice (25). Le paraître prend le dessus sur l'être.
Une conséquence aussi de cette philosophie, c'est le retrait du monde.
Le rétablissement des arts et des sciences dans l'enseignement a-t-il contribué à épurer ou corrompre les mœurs ?
Opposition p. 40 entre :
avant : l'état de nature : des mœurs rustiques mais naturels, des échanges directs, pas de faux-semblants, pas d'hypocrisie, la liberté.
après : État ou société civilisée : langage apprêté, vice, goût plus fin, art de plaire ==> Uniformité des mœurs, des comportements, des usages, obéissance – soumission.
Dégradation parallèle avec le développement des arts et des sciences (contre l'idée reçue que les sciences, le progrès, améliore la vie sociale, l'être ensemble. S'ils ne sont pas la cause de cette dégradation en tout cas ils ne l'empêchent pas)
Un indice de la dégradation ou tout au moins de la non amélioration : peuples civilisés, lettrés, savants comme la Chine (exemple tactique : ne pas prendre un exemple qui pourrait donner l'impression de tirer contre soi, d'être anti-patriote : gagner à soi l'opinion en prenant appui sur des faits qui ont un assentiment large) sont dirigés par des tyrans, pour la terreur (les Tartares).
À côté de cela : éloge de la simplicité (= rusticité) des peuples qui sont patriotes, c'est-à-dire qui ont, ressentent, le besoin de vivre ensemble, de manière communautaire, dans un partage sans égal, et ce sans raisonnement creux sur les sentiments, les vertus, etc. Ce type de disposition ça se discute moins que ça se voit, ça s'évalue moins que ça se pratique.
La fin de Rome et de son empire viendrait selon Rousseau de là : « jusque-là les Romains s'étaient contentés de pratiquer la vertu ; tout fut perdu quand ils commencèrent à l'étudier. » (45)
Effort de se sortir de la condition humaine initiale ont pour effet : le luxe, la dissolution, l'esclavage. La connaissance se retourne contre elle-même. « L'homme joue contre le feu », Il se prend pour Dieu (cf Prométhée) = glorification de l'homme instinctif ?
D'autant que les sciences sont nées du vice et non pas d'une soif désintéressée.
Éloge de l'oisiveté : société plus paisible.
Les arts : les artistes veulent être applaudis. Mais le goût moyen peut tendre à rabattre le génie sur ce qui vaut afin d'être reconnu.
On ne cherche la parade, le luxe : dissolution des mœurs. Exemple historique : les Romains qui ont perdu leur foi, leurs vertus militaires à mesure qu'ils s'enflammaient pour les arts. Car il y a unité entre corps et âme : on ne peut être rigoureux que si l'autre l'est.
Ne pas oublier les besoins de base (manger, boire, se protéger) : l'affaiblissement général est dû au ramollissement induit par les conditions d'existence.
Rousseau vente donc des conditions de vie spartiates, l'émulation, le débat, la confrontation et non pas le partage creux du talent. Il est aussi contre la vulgarisation, pour un élitisme qui grandisse les individus, contre l'uniformité qui écrase les talents, contre la sophistication (et le sophisme creux) et pour la simplicité.
La science, indice de civilisation, ne produit pas par elle-même la vertu : science sans conscience n'est que ruine de l’âme.
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