Psychologie de l'enfant dans sa famille

 

Donald Woods Winnicott, La Famille suffisamment bonne, Payot, 2010, 153 p.

« Un individu peut-il atteindre la maturité émotionnelle en dehors du cadre de la famille ? » (90)

Rebellions de l'adolescent et volonté d'une indépendance personnelle. « Il est probable que c'est la propre famille de l'adolescent qui est la plus capable et la plus désireuse de satisfaire sa demande. » (92) « Au cours de son développement émotionnel, l'individu va de la dépendance à l'indépendance, tout en conservant la capacité à passer d'avant en arrière, de l'une à l'autre. Ce processus ne se déroule pas dans le calme et la tranquillité. Il est compliqué par des alternances de rebellions et de retour à la dépendance. Dans la rébellion et le défi, l'individu brise tout ce qui, dans son environnement immédiat, lui offre de la sécurité. Pour que ce passage en force soit profitable, deux choses sont nécessaires. L'individu a besoin de trouver un cercle plus vaste prêt à reprendre la main, ce qui revient à dire qu'il a besoin de pouvoir revenir à la situation qu'il vient de mettre en pièces. » (93)

Difficulté pour l'enfant de gérer les conflits de loyauté dans ses déplacements entre l'intérieur et l'extérieur sans une gestion familiale satisfaisante. « En général, ce qui lui permet de les gérer, c'est l'existence d'une famille et de parents qui se sentent responsables et qui aiment assumer cette responsabilité. » (93)

« Un nombre surprenant de gens peuvent regarder en arrière et dire que quelque qu'aient été les erreurs commises, leur famille ne les a jamais vraiment laissés tomber, pas plus que leur mère ne les avait laissés tomber en leur prodiguant ses soins maternels au cours de leurs premiers jours, semaines et mois. » (94)

« Au sein du foyer lui-même, quand il y a des frères et sœurs, l'enfant éprouve un soulagement sans bornes à pouvoir partager les problèmes. » (94)

« Dans la vie et le fantasme conscient, l'enfant a pu s'éloigner de ses parents et en ressentir un grand soulagement. Néanmoins, la voie de retour au père et à la mère est toujours préservé dans l'inconscient. Dans le fantasme inconscient de l'enfant, c'est toujours fondamentalement à son père ou à sa mère qu'il adresse ses demandes. » (95)

Il y a donc deux tendances. « La première est la tendance de l'individu à s'éloigner de la mère, puis à s'éloigner du père et de la mère, et ensuite de la famille, chaque étape offrant une liberté accrue d'idées et de fonctionnement. L'autre tendance travaille dans la direction opposée et c'est le besoin de préserver, ou d'être en mesure de regagner la relation avec le père et la mère réelle. C'est cette seconde tendance qui fait de la première un élément de la croissance au lieu d'une perturbation de la personnalité de l'individu. » (95)

« L'individu ne peut atteindre la maturité émotionnelle que dans un cadre où la famille a fourni le pont conduisant du soin parental (ou du soin maternel) jusqu'au support social. » (99)