Enquête sur la condition de femme de ménage
Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, Points-Éditions de l'Olivier, 2021 (2010), 242 p.
Résultat d’un travail journalistique en « immersion », ce livre raconte des formes de travail en partie invisibles et pourtant essentielles, celle du nettoyage. L’auteur entame cette enquête après la crise de 2008. L’emploi est ravagé, et le « ménage » demeure la solution de repli pour la main d’œuvre non-qualifiée. Avant même l’exercice du travail il y a l’étape du recrutement, et là, non-plus ce n’est pas simple avec le tamis de Pôle Emploi, des agences d’Intérim ou des cabinets de recrutement. A part quelques rares exceptions, les protagonistes ne sont pas à leur avantage, regardant peu l’humain, et faisant la plupart du temps sentir aux candidats leur état de dominé. Les contrats de travail sont souvent à temps partiels, de courte durée, et peu rémunérateurs. Et l’on découvre que la possession d’un véhicule peut être considérée comme indispensable par l’employeur. La description des tâches montre qu’il s’agit d’une activité à part entière dans laquelle le non seulement souci du détail est sans cesse rapelé, mais aussi la productivité : il s’agit d’effectuer le travail en un temps imparti. Les corps sont donc sur-sollicités, que ce soit dans les postures, les odeurs, les gestes, et donc le rythme. Dans cet univers noir de la « France d’en bas », émerge cependant quelques lumières. Celle de la camaraderie surtout avec des filles sur le lieu de travail, mais aussi un homme hors travail. Pas loin de la camaraderie, la solidarité éprouvée sur le terrain, mais pas systématique. Celle de la joie des moments festifs qui ont d’autant plus de relief qu’ils sont rares.
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