Radiographie d'un jeu spécifique

 


Daniel Ollivier, L'alchimie du jeu à la Nantaise. D'Arribas à Denoueix, le pouvoir du collectif, Solar, 2022, 283 p.


Retrace la constitution d’une manière spécifique d’envisager le football professionnel dans un club français qui fera des émules au sein de clubs européens réputés. Pour cela l’auteur s’attache à l’itinéraire de chaque entraîneur du FCN et de son apport respectif.


José Arribas

La passe au partenaire le plus proche est la plus facile. Il dit apprendre beaucoup des joueurs dans le dialogue instauré avec eux : « je sentais quelles tactiques leur convenaient et leur procuraient du plaisir, quelles autres au contraire les rebutaient. » (34) Pour lui le foot c’est d’abord un jeu privilégiant l’intelligence à la force, le plaisir à la contrainte. Avec comme idée directrice de maîtriser l’espace, le jeu en triangle, le mouvement perpétuel. Son vocabulaire : anticipation, appel de balle, mouvement, disponibilité, simplicité, jeu sans ballon, évitement. (36) Par dessus tout il valorise l’intelligence collective par analogie avec le travail des fourmis et des abeilles. (38) « L’altruisme c’est la pierre angulaire de sa méthode. » (52)


Jean Vincent

« Ce sont les bons joueurs qui font les bons entraîneur, jamais l’inverse. » S’il n’est pas issu du sérail, il s’adapte aux joueurs et à la philosophie du club. Il fait évoluer aussi le rôle des joueurs, comme par exemple les latéraux qu’il fait attaquer. Il ouvre le groupe et fait jouer la concurrence notamment en faisant confiance aux jeunes : en 1976-77 il y a 12 joueurs de 21 ans ou moins. Au départ isolé dans le club, sa personnalité chaleureuse le fait s’intégrer rapidement. Budzynski : « c’était un optimisme indécrottable. » (116) Avec au bout du compte un palmarès qui parle pour lui : 2 titres, 1 coupe (la 1ere du club), 3 fois vice-champion, 1 demi-finale de coupe des coupes.

Il dirige les joueurs par la joie. Dans le club se pose la question de grandir en recrutant Platini. Mais Henri Michel dit que le club possède les qualités suffisantes pour s’en passer.


Jean-Claude Suaudeau

Les joueurs doivent toujours être en mouvement : donner ou recevoir un ballon en étant arrêté, « coup franc » ! (163) « L’objectif n’est pas de soumettre les joueurs mais de développer leur autonomie. Pas de juger mais de développer la capacité à comprendre. » (164) En 1983 le titre est obtenu avec 10 points sur le second avec la victoire à 2 points. Meilleure attaque, meilleure défenses, meilleur buteur, meilleur passeur. Son credo c’est la récupération via le pressing, action la plus collective qui soit. Avec l’idée de piéger l’adversaire parfois en lui donnant le ballon dans une zone difficile à défendre. « Mon programme a toujours été : on couvre l’espace, on découvre l’espace, on prend l’espace, on libère l’espace, on referme l’espace. » (196) Et on travail la technique dans une fosse devenue célèbre. Par ailleurs en intégrant un médecin dans le staff, une expertise de la physiologie de l’effort se développe.


Reynald Denoueix

Privilégier le collectif c’est par exemple faire en sorte qu’il fasse des choix ensemble, comme regarder la télévision au centre de formation. Il met en place une démarche par laquelle les joueurs s’organisent par paire afin de créer des automatismes et de la solidarité. Les joueurs doivent être capables d’interpréter une action de la même façon, que ce soit défensivement ou offensivement. Un jeu qui parle à l’intelligence : « quand on sort d’une séance, on doit sortir moins con. » (Coco, 235) En 2001, l’équipe championne comprend 22 joueurs formés au club sur les 27 de l’effectif. C’est « un équilibre fragile. Il faut du talent, de la complémentarité, de l’ambition, de l’intelligence, de l’efficacité. » (Denoueix, 243)

Il se fait licencier par Gripond quand la Socpresse a racheté le club : les nouveaux dirigeants ne supportent par l’autonomie des techniciens.


 

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