Romain Gary : La Vie devant soi
Romain Gary, La Vie devant soi, Folio- Gallimard, 1975, 274 p.
Il y a chez ce Gary la maîtrise d’un style qui emmène le lecteur sur les berges des territoires de l’enfance. Dans cette histoire qui n’en est pas une – Momo arabe, « fils de pute », laissé en garde par son père meurtrier de sa femme chez sorte de mère macrelle juive – on côtoie le monde enfantin grâce aux expressions des adultes réinterprétées, et donc la vision d’un monde « dur » (drogue, prostitution, violence, maladie, mort, s’en trouve réenchanté. Le livre fourmille de bons mots et véhicule finalement une sorte de douceur de l’infâme, une défense du multiculturalisme où les Arabes vivent avec les Juifs sans haine mais sans renier leurs différences, et où les noirs ont droit de cité. Madame Rosa protège « ses » enfants de l’assistance publique en leur donnant ainsi « une chance », celle de connaître l’attachement voire l’amour pour leurs semblables, tout en se protégeant elle-même de ses craintes, le retour de la barbarie nazie. Elle garde chez elle « Banania » bien qu’elle ne reçoive pas de dédommagement, car, si elle l’aurait bien donné à l’assistance, elle n’aurait pas voulu perdre son sourire, « et comme on ne pouvait pas l’un sans l’autre, elle était obligée de les garder tous les deux. » Dans ce récit jamais larmoyant, les enfants et les adultes veillent mutuellement les uns sur les autres dans une sorte de communauté des faibles. Une leçon d’humanisme.
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